9 juillet 2024, 9 janvier 2025. Six mois qu’Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, respectivement coordinateur national et responsable des antennes du Front national pour la défense de la Constitution, FNDC, ont été enlevés à Commandanyah. Leurs familles accusent les Forces spéciales et la gendarmerie de « kidnapping ».

Dame Aissatou Bah est sans  nouvelle de son époux Mamadou Billo Bah. Elle ne sait pas à quel saint se vouer. « C’est très stressant et inquiétant. Parfois je me pose plusieurs questions qui n’ont pas de réponses. Ce n’est vraiment pas facile à vivre, les enfants réclament leur papa, me regardent avec un air d’angoisse et d’inquiétude, mais qu’est-ce que je peux ? » Aissatou dénonce le déni des autorités, le silence de l’appareil judiciaire. « Tout ce que je veux aujourd’hui, qu’ils soient libérés, mon mari et son ami Foniké Menguè, qu’ils reviennent à la maison, que les enfants revoient leurs pères. Les éléments dont nous disposons, les témoignages de ceux qui ont assisté au kidnapping, sans compter le témoignage de Mohamed Cissé, tout cela prouve que  ce sont des éléments des Forces spéciales et de la gendarmerie qui ont enlevé mon mari et son compagnon Foniké Menguè. Les dirigeants savent la vérité, ils savent que nous savons la vérité ». La mort dans l’âme, Madame Bah espère que son mari lui reviendra. « Je continuerai à jouer le père et la mère jusqu’à sa libération ».

FNDC sur le pont

Au FNDC, un sentiment de colère et d’angoisse anime les responsables d’autant plus qu’il y a 6 mois qu’ils n’ont pas de nouvelles de leurs camarades, engagés dans une simple lutte citoyenne. Le FNDC tient pour responsables les autorités de la transition tout ce qui arrivera à Foniké Menguè et à Billo Bah. « Nous le savons, ils ont été arrêtés par les Forces spéciales et les éléments de la gendarmerie. Les témoignages de Mohamed Cissé, le codétenu de Foniké et Billo qui a expliqué ce qui s’est passé jusqu’à sa libération, sont édifiants ». Pour autant, Abdoulaye Oumou Sow, chargé de com du FNDC, exilé en France, dit tenir bon, garde espoir de retrouver un jour ses camarades sains et saufs. Et de préciser que le  FNDC reste en contact avec leurs familles, qui sont assurées qu’elles ne sont pas seules, ne sont pas oubliées. »

Ensemble, avocats, responsables du FNDC intensifient le lobbying pour la libération de Foniké Menguè et de Mamadou Billo Bah, ainsi que l’ancien secrétaire général du ministère des Mines, Saadou Nimaga, du journaliste Habib Marouane Camara. « Ce n’est pas caché, tout le monde connaît qui les détient. Malheureusement, aucune enquête n’a été faite au niveau de la justice guinéenne. Nous avons porté plainte au niveau international. C’est la junte qui les détient. Quand elle décidera de les libérer, elle va les libérer. Elle sait qu’elle les détient sans cadre juridique légal. Quand elle décidera de les libérer, elle les libérera », réitère Abdoulaye Oumou, qui ajoute que rien ne peut justifier leur séquestration depuis six mois. « L’enlèvement et la séquestration sont un crime contre l’humanité », martèle le chargé de Com du FNDC.

Ousmane Gaoual Diallo,  ministre porte-parole du gouvernement, lui, continue de nier, il clame que ce ne sont pas les autorités qui ont arrêté Foniké Menguè et Billo Bah. Abdoulaye Oumou Sow préfère en rire qu’en pleurer : il rappelle ce que le ministre Ousmane Gaoual avait récemment affirmé en conférence de presse que « les adultes ont le droit de disparaître volontairement ». Pour l’activiste, le porte-parole du gouvernement est un féal de la junte. Pour Abdoulaye Oumou , le président de la transition, général Mamadi Doumbouya, et le Haut commandant de la gendarmerie, Balla Samoura « incarnent les deux unités des Forces spéciales et de la gendarmerie, qui sont à la base de l’enlèvement de nos camarades. » Il fait un parallèle avec le jugement du capitaine Moussa Dadis Camara, ancien président de la transition, condamné pour la responsabilité de commandement, dans le procès du massacre du 28 septembre 2009.

Ibn Adama