L’année 2024 s’est achèvée dans un contexte de crise économique et de crise politique. L’une entraînant l’autre. Un régime d’exception, fatalement, constitue un handicap majeur pour un pays. A cela s’ajoutent les agissemnts de certains hommes qui ne rendent pas service à la Guinée et au CNRD. Le pouvoir actuel a besoin de restaurer la confiance entre d’une part les citoyens et leur pays et d’autre part entre ce pays et les investisseurs. L’impressionnant dispositif sécuritaire déployé aux carrefours de la capitale au nom du nouvel an est totalement contreproductif. Il donne l’impression que le pays fait face à une grave menace.
Dans ce monde globalisé, tous les pays rivalisent pour charmer les investisseurs de plus en plus exigeants et sélectifs. Le régime d’exception décourage, les autorités se doivent de rassurer. Surtout après la disparation de certains activistes et l’arrestations d’autres opposants. L’évolution de la situation donne l’impression que les autorités actuelles maitrisent peu les enjeux et la dimension géopolitique du moment. Le pays rame à contre courant. Il prend une direction plutôt tordue et inquiétante. Avec, à la clé, la disparation d’activistes et de journalistes ou encore l’arrestation d’opposants à l’ancien régime. Et parfois pour un crime de lèse-majesté. Avec la dernière déclaration des forces vives, les dès sont désormais jetés. Les protagonistes ne se feront plus de cadeau.
Les Forces vives déclarent ne plus reconnaitre la junte à partir du 1er janvier. Une déclaration perçue comme une déclaration de guerre par le pouvoir dont la nervosité est visible. L’état de grâce semble être définitivement rompu. Les deux parties sont désormais à coteaux tirés. Cette veillée d’armes est véritablement contreproductive pour le pays. Le spectre de 2009 nous hante. Les vieux démons peuvent surgir à tout moment.
Les partisans de la junte tentent d’occulter la crise. Mettant à profit la fermeture de médias privés, ils occupent l’espace public pour présenter une image reluisante de leur bienfaiteur. Comme si l’on peut éclipser le soleil avec la paume de la main. La crise est palpable. Le CNRD présente la région forestière aujourd’hui comme le RPG hier avec Boké. Les plus crédules attendent de voir l’embellie promise avec Simandou à l’horizon 2040. Si les slogans pouvaient sortir de la misère, la Guinée serait aujourd’hui un Eldorado. Les promesses faites pendant onze années par « papa promesse » nous ont fait tant rêver. Rien n’a changé de manière significative. Le fameux recours au fameux bateau turc pour fournir de l’électricité à la capitale, quel bateau !
Le sentiment général qui se dégage, est que c’est toujours les mêmes méthodes d’embobinement du peuple. Lequel ne sait plus à quel discours se vouer. Les galéjades de certains dirigeants crèvent les yeux. Comme le premier vol commercial entre le pays profond et Conakry à la fin de l’année écoulée. Les compagnies minières se sont partagées la Basse-Guinée au mètre carré, et rien n’a changé. On se demande si Simandou va changer quelque chose. Le changement est avant tout un comportement. En matière de respect de la dignité humaine, l’image de la Guinée a pris un sérieux coup. De nombreux Guinéens de la diaspora ont reporté ou annulé leur retour au pays natal. Si les Guinéens à l’étranger rechignent à rentrer, il ne faut pas s’attendre aux étrangers, si frileux sur les violations des droits de l’homme.
Habib Yembering Diallo