Le mercredi 12 janvier, le Yankee a téléphoné au Tsar rouge pour un entretien digne de leur puissance, à propos de la guerre entre la Fédération de Russie et l’Ukraine. Un woba-woba entre grands seulement, au point d’oublier irrévérencieusement le principal concerné, en l’occurrence l’Ukraine et un autre acteur clé, l’Union Européenne. Le format, le déroulement et le contenu de l’entretien ont apporté un souffle nouveau aux débats sur le conflit en question.

On se souvient que le 24 février 2022 Vladimir Poutine avait lancé contre l’Ukraine une guerre de conquête qu’il voulait expéditive et éclair. Il avait qualifié son agression d’opération spéciale. Un euphémisme de mauvais aloi. Cette opération spéciale visait à dénazifier et à démilitariser l’Ukraine. Même Toto avait dû rire sous cape. Tout le monde savait que Poutine voulait effrayer l’Ukraine et tous les États de la région qui éprouvaient des velléités d’adhésion à l’UE et à l’OTAN.

Fort de son expérience d’ancien officier du KGB, Poutine était sûr de détenir toutes les cartes pour écrabouiller l’Ukraine en quelques jours pour ne pas dire en quelques heures, chasser Volodymyr Zelensky, son Président et s’emparer de l’État. Comme au bon vieux temps de l’Union Soviétique, face à ses États satellites. Que Nenni ! Dès les premiers jours, les troupes russes parvinrent aux portes de Kiev mais durent s’arrêter là et rebrousser chemin face à la résistance farouche des Ukrainiens.

A partir du territoire russe, l’armée de Poutine utilisa drones, obus, torpilles, missiles de toutes sortes pour démoraliser populations civiles et militaires. Les installations énergétiques, portuaires, ferroviaires, bâtiments d’habitations, écoles, hôpitaux furent les cibles privilégiées. Mais l’Ukraine et les Ukrainiens tinrent bon, grâce à l’appui financier, technologique et militaire de l’Union Européenne.

Guerre d’usure onéreuse

Après 3 ans de combat, Poutine n’a ni dénazifié, ni désarmé l’Ukraine. Si gagner une guerre, c’est atteindre les objectifs de la guerre, il est encore loin d’avoir remporté la victoire. Pourra-t-il le faire un jour ? Rien n’est moins sûr. Il a utilisé des mercenaires de Wagner et de la Corée du Nord, en vain. Et plus la guerre s’éternise, plus grincheux deviennent ses compatriotes, notamment les jeunes.

En dépit de son énorme avantage comparatif (supériorité écrasante en ressources humaines et en armement de pointe), la Russie n’a pas remporté de victoires décisives et fulgurantes. Elle a fini par opter pour une guerre d’usure onéreuse pour tous les belligérants pendant que son économie subit les effets des sanctions internationales.

Alors, malgré les effets d’annonce, la Russie et l’Ukraine sont dans l’expectative d’un plan de règlement juste de leur conflit. Trump le savait, lui qui avait bandé les muscle et promis de le régler en 24 h. Lors de leur entretien du mercredi 12 février, Trump a fait la part belle à Poutine. S’agissant des questions territoriales, il a, tout de go, asséné qu’on ne pouvait plus retourner à la situation de 2014, faisant passer pour perte et profit, les territoires ukrainiens occupés par la Russie.

Aussi, il juge inenvisageable l’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne. Or justement, il s’agit de deux lignes rouges pour l’Ukraine, qui constituent les causes fondamentales de la guerre. Il est évident que pour les dirigeants, voire les populations, un tel règlement du conflit serait une pure et simple capitulation. Une concession sans contrepartie.

Ne serait-ce pas alors une bouée de sauvetage tendue à Poutine par Trump ? Quelle est la contrepartie de la prestation du capitaliste qui monnaie tout ? Cherchez et vous trouverez. Ou alors soyez tout bonnement patients et vous verrez.

Abraham Kayoko Doré