Dans la cour ombragée du Ministre Justin Morel Junior, à Kipé Dadia, un air de jazz flotte doucement. Dans mon coin, j’observe, discret mais attentif. Je sais que ce qui va suivre mérite d’être étudié, voire immortalisé.

Deux hommes, deux univers, mais un même souffle de savoir et d’engagement : Thierno Saïdou Diakite, banquier, journaliste et consultant sportif aguerri, et Tierno Monénembo, l’écrivain dont la plume a traversé les continents.

L’air était chargé d’une douce gravité lorsqu’ils s’installèrent, l’un après l’autre chacun avec cette humilité propre aux esprits libres. Thierno Saïdou Diakite ouvrit la discussion sur les défis de l’Afrique contemporaine, mêlant analyse économique et réflexion politique. Sa voix posée déroulait des arguments précis, appuyés par son expérience de journaliste et de consultant.

Puis vint le moment où la parole se fit plus littéraire. Tierno Monénembo, le regard pétillant d’une sagesse malicieuse, se lança dans un récit improvisé où s’entremêlaient souvenirs et réflexions sur l’exil, l’identité et la mémoire.

L’homme qui reçut le prix Renaudot en 2008 pour Le roi de Kahel ne racontait pas seulement des histoires ; il les vivait et nous les offrait avec cette touche de réalisme magique propre aux grands conteurs.

Nous évoquâmes ses autres œuvres majeures, de Les écailles du ciel à Peuls, sans oublier Le terroriste noir, qui lui valut le Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française en 2017. Sa plume, parfois mordante, parfois poétique, est une chronique aiguisée des déracinés, des oubliés de l’Histoire.

L’après-midi glissa ainsi entre analyses pointues et éclats de rires complices. Deux esprits brillants, deux voix majeures, et moi, simple témoin de cette alchimie où finance et littérature s’étaient donné rendez-vous.

Un récit imaginaire vraisemblable de Mady Bangoura