Mardi 1er avril, le Prési de la transition, le Gêné-râle Mamadi Doum-bouillant, a fixé, par décret, la date du référendum au dimanche, 21 septembre 2025. L’annonce marque un pas vers le retour à l’ordre constitutionnel, mais suscite des interrogations.
Le référendum constitutionnel pour un oui ou non le 21 septembreprogrammé tient la promesse du Doum-bouillant, faite le 31 décembre dernier. Dans ses bœufs de nouvel élan aux Guinéens, il avait déclaré que 2025 serait une « année électorale cruciale pour parachever le retour à l’ordre constitutionnel ». Sans en indiquer de calendrier, le Doum-bouillant avait ajouté que « dès le premier trimestre de l’année 2025, [il signera] un décret fixant la date du scrutin pour le référendum constitutionnel après l’élaboration du code électoral. »
La fin du premier trimestre, c’est le 30 mars. Qu’importe ! Le 1er avril, il a enfin appelé les Guinéens au référendum. Cependant, la fixation de la date dans la dernière semaine de septembre prochain suscite des interrogations quant au retour effectif à l’ordre constitutionnel en 2025. Le 29 juillet dernier, le CNTêtard de Dansa Courroux-ma a présenté aux Guinéens un Avant-projet de la future constitution. Un « consensus » autour de la loi suprême était attendu, après une « vaste campagne de vulgarisation et d’appropriation » à travers le bled. Alors que les Guinéens attendaient ce consensus, le Prési Doum-bouillant les a convoqués aux urnes le 21 septembre. Soit, dans environ 6 mois. Organiser avant fin 2025 les Présidentielle, législatives, communales et communautaires « relèverait de l’impossible. Et pour cause: entre le recensement biométrique et l’établissement du fichier électoral, le calendrier est déjà sous pression. Certes, le référendum pourrait bien se tenir à la date annoncée, mais il est désormais évident que les trois mois restants en 2025 ne suffiront pas à organiser les élections communales, législatives et présidentielle », analyse le journaleux Abdoulaye Sankara dit Abou Maco, qui ajoute : « Or, si le référendum semble déjà lancé dans une course contre la montre, il serait périlleux de précipiter les scrutins les plus décisifs : l’élection des députés et, surtout, celle du futur président de la République. Un processus bâclé pourrait compromettre non seulement la crédibilité du retour à l’ordre constitutionnel, mais aussi la stabilité du pays. »
Diversion ?
Si le décret n’est pas un gros poisson d’avril, les acteurs politiques dénoncent une diversion, doutent de la tenue du scrutin annoncé. Et il y a de quoi. Les autorités s’étaient engagées à organiser des élections et à rendre le pourboire aux civils élus avant fin 2024. On connaît la fuite. Souleymane Souza Konaté, Conseillé en Com du prési de l’Union des forces démocratiques de Guinée, (UFDG), déclare que « l’annonce d’un référendum constitutionnel, loin d’être un pas vers la normalisation, s’apparente à une diversion destinée à masquer l’absence de toute intention réelle d’organiser des élections libres, transparentes et inclusives. » Il accuse le Comité national du rassemblement pour le développement de jouer la montre, en vue de s’éterniser au kibanyi : « La stratégie du CNRD repose sur un enchaînement de contradictions, de revirements et de tactiques dilatoires visant à gagner du temps pour imposer un processus électoral biaisé, garant de son maintien au pouvoir. Comment accorder le moindre crédit à la tenue d’un référendum le 21 septembre 2025, alors que le texte constitutionnel est toujours en cours d’examen par un collège d’experts et que les conditions fondamentales d’une élection crédible sont inexistantes ? » Et d’arguer de l’absence de Constitution, de fichier électoral, d’organe de gestion électoral indépendant, de consensus sur la conduite du processus électoral. Excusez du peu ! « Autant de lacunes qui rendent ce projet non seulement illégitime, mais dangereux pour la stabilité du pays. »
Comme par hasard ?
Souza Konaté appelle le chef de la junte à cesser de torpiller le processus : « Le général Mamadi Doumbouya doit mettre un terme à cette supercherie. Il est impératif d’abandonner ces manœuvres dilatoires et de revenir aux fondamentaux d’une transition responsable : assurer la gestion courante de l’État et organiser des élections crédibles. La Guinée ne peut plus être prise en otage. »
Diabaty Doré, prési du RPR (Rassemblement pour la république) dit ne pas trop croire au respect de l’échéance. En conférence de stress le 3 avril avec la NG (Nouvelle Guinée) et le RRD (Rassemblement pour la renaissance et le développement), Doré s’en est expliqué : « Il y a trop de choses à faire avant le 21 septembre. Aujourd’hui, on parle d’élections en Guinée, mais est-ce que les préalables sont épuisés pour qu’on puisse aller à une élection transparente, crédible ? »
Malgré tout, d’aucuns pensent que la Guinée « est sortie du cadre où rien ne se passait ». Les autorités viennent de mettre en veille le Recensement à vocation d’état civil au profit d’un recensement biométrique des Guinéens de 10 ans et plus, tenant lieu de fichier électoral. Comme par hasard, dans la journée du 1er avril, le goubernement a exhibé 3 000 kits de recensement. Le premier des ministres, Amadeus Oury Bah, sur sa page Facebook, jubile, la réception de ce matériel marquerait « le véritable démarrage du processus sur le terrain. » Une présidentielle en 2025 ? Wait and see !
Mamadou Siré Diallo