Mes chers amis, installez-vous confortablement, car le spectacle guinéen continue, plus absurde et désopilant que jamais ! On pourrait croire que le temps passe, que les choses changent, mais Wallahi, certaines rengaines ont la vie dure, à tel point qu’on pourrait écrire une encyclopédie de la « guinéité ».

Wallahi, c’est fini le temps où l’on s’étonnait encore ! Le vol, en Guinée, c’est un sport national qui se pratique à tous les niveaux. Du sommet de l’État aux bas quartiers, chacun essaie de tirer la couverture de son côté. Les « grands » vident les caisses avec une maestria déconcertante, et les « petits » grappillent ici et là pour survivre. Sauf ceux qui n’ont rien à voler !

La faim, parlons-en ! Elle aiguise l’ingéniosité. Si les rats ont déserté nos poubelles, c’est peut-être parce qu’ils ont flairé de meilleures opportunités dans les ministères. On se débrouille, on innove dans la misère, transformant la survie en un art où le système D est notre diplôme le plus précieux. Hé Kéla, quelle créativité gâchée !

Nos politiciens ? Toujours les mêmes refrains, les mêmes promesses envolées comme des feuilles mortes. Ils nous parlent de démocratie, de transparence, mais la transition s’étire comme un jour sans pain. Hé Kéla !

Et le miracle, on l’attend toujours, vous savez. On prie tous les dieux, les anciens, les nouveaux, ceux du ciel et ceux de la terre. On espère une manne providentielle, une découverte miraculeuse, un geste de bonté inattendu. En attendant, le riz et les haricots restent nos fidèles compagnons de table. À fakoudou !

Entre nos politiciens et la transhumance, c’est une vieille idylle où les convictions font de la figuration et les ambitions dansent la rumba. Hé Kéla !

C’est un spectacle fascinant, une sorte de migration des âmes (et des ambitions) vers le soleil du pouvoir. On voit ces figures, hier encore inoxydables, se pavaner aujourd’hui dans les mouvements de soutien-gorge, le regard illuminé par une foi nouvelle… ou par la perspective d’un bon plat de riz bien garni. On se demande s’ils sont réellement envoûtés par le charme austère du Général, lui qui n’arrive toujours pas à décrocher un sourire – peut-être qu’il a déjà vu ce film cent fois.

Viennent-ils en désespoir de cause, sentant le vent tourner et cherchant une bouée de sauvetage ? Ou flairent-ils simplement l’odeur alléchante du festin ? Wallahi, difficile de percer le mystère de ces conversions soudaines. On dirait une chorégraphie bien rodée où chacun essaie de trouver sa place au banquet. Le pouvoir a un parfum enivrant, même quand il sent le réchauffé. À fakoudou !

Ah, l’amour au temps des réseaux sociaux ! Mon voisin, tout guilleret, pensait avoir trouvé la perle rare sur TikTok. Ce Casanova numérique a décidé de pimenter sa stratégie de séduction. Fini le riz et les haricots. Cette fois-ci, il a voulu innover en nous conviant au resto, tout fier de nous présenter sa nouvelle conquête. Le moment solennel arrive, verre en main, il lance un vibrant :

  • Santé à ma charmante épouse et à nous tous, bien sûr !

On s’apprêtait à lever nos verres quand la dulcinée, avec un sérieux à toute épreuve, rétorque :

‐ Non, moi c’est pas santé, c’est couture !

Hé Kéla ! Tout le monde a éclaté de rire. Le pauvre voisin, son sourire s’est figé comme celui d’un opposant en exil. Paraît-il qu’il l’a renvoyée aussi vite qu’il l’avait « likée ».

Et devinez quoi ? Il est déjà de retour sur TikTok, le cœur léger et l’estomac vide, prêt à swiper vers de nouvelles aventures. À la recherche de sa prochaine « influenceuse ». Wallahi, l’amour a parfois le même algorithme que la bêtise humaine : il tourne en boucle ! À fakoudou, on Chen fout de ces amours virtuelles et de leurs malentendus linguistiques !

Les bandits à col blanc, mes amis, ils ont toujours des frigos remplis, que nous, on ne peut que contempler à travers la vitrine. Ils nous parlent de développement, de croissance, de rêves enrobés de chiffres et de statistiques, des concepts qui sonnent creux quand on regarde nos assiettes et nos portefeuilles. Et nous, on continue de courir derrière le bus de l’espoir, en espérant qu’il s’arrêtera un jour pour nous prendre à bord. Hé Kéla !

Mes amis, cette vague d’annonces sur les réseaux sociaux, ces photos de jeunes filles disparues, ces appels à l’aide qui glacent le sang… c’est le nouveau visage de notre quotidien.

Tout chat-là nous rappelle la fragilité de nos vies face à la barbarie. On se demande jusqu’à quand cette sinistre loterie continuera de nous voler notre innocence et notre tranquillité. Hé Kéla, quel pays sommes-nous devenus ?

Alors voilà, mes amis, notre Guinée, ce théâtre de l’absurde où le rire côtoie les larmes, où l’espoir se fraie un chemin au milieu du chaos. On encaisse, on râle, on rit, et on continue d’avancer, avec cette force étrange qui nous caractérise. À fakoudou !

Sambégou Diallo

Billet

Un chat m’a conté

Un monsieur veut une chambre à l’hôtel avec Wi-Fi. Le vieux concierge, l’air ahuri : «Huit filles ? Quelle énergie, monsieur ! Vous êtes en pleine forme !» L’homme soupire : « Non, W-i-F-i… pour mon téléphone !» À fakoudou !

SD