Le 29 juillet, Ibrahima Sory Barry a été tué par « balle » à Démoudoula, dans la commune de Ratoma, lors d’une manifestation contre le déguerpissement des hangars dans les parages d’une mosquée. Les forces de sécurité sont accusées, la famille du défunt envisage une plainte contre X.
Dans la soirée du mardi 29 juillet, une manifestation a éclaté le long des rails du quartier Démoudoula. La cause, un déguerpissement des garages autos, motos, ateliers de menuiserie et tapisserie et autres conteneurs de commerce pour, dit- t-on, en faire un parking pour une mosquée, appelée « Mosquée Saoudi ». Des altercations ont éclaté entre les forces de maintien de l’ordre et les propriétaires des hangars: jets de pierre contre gaz lacrymogène. Dans la débandade, Ibrahima Sory Barry, 16 ans, vitrier de profession, aurait reçu une balle. Il en est mort sur place. Les proches et amis du défunt, visages tristes, sont entre consternation et incompréhension.

Amadou 2 Barry, l’oncle du défunt, explique les circonstances dans lesquelles son neveu a perdu la vie. « Il y a une mosquée en rénovation mais l’initiative est privée. Les initiateurs auraient demandé à ce qu’on élargisse le parking de la mosquée, alors que ses parages sont occupés par des citoyens. Des unités mixtes de la police et de la gendarmerie ont été déployées, afin de les déguerpir. Les jeunes ripostent avec des jets de cailloux. Dans cette situation, la balle l’a atteint, alors qu’il rentrait du travail, et malgré le contour qu’il a fait du lieu de la manifestation ». Selon lui, aucune autorité n’a été informée du déguerpissement. « Ni le gouvernorat ni la commune n’ont donné l’ordre de déguerpir. Les chefs du quartier et du secteur n’étaient pas non plus informés ».
Amadou 2 Barry promet de saisir la justice. « Nous comptons porter plainte contre les bourreaux. En attendant, nous voulons aller avec l’autorité locale, afin que les choses puissent aller comme il se doit », déclare-t-il. Toutes nos tentatives pour joindre les autorités du quartier sont restées vaines.
Devant la mosquée, garages, ateliers, tout a été démoli. Des propriétaires des lieux tentent de récupérer ce qui peut l’être. Mory Camara, étudiant et tapissier, dit avoir perdu son matériel de travail. « Nous avons été prévenus récemment que nos lieux de travail seraient déguerpis au profit d’un parking pour les fidèles de la mosquée. Des femmes ont suggéré aux initiateurs du déguerpissement, de céder un espace pour le parking. Mais ils ont répondu aux femmes que la devanture de la mosquée est un nid de bandits. Pourtant, ce n’est pas le cas. J’ai presque tout perdu. Tout mon matériel de travail a été gâté ».
Au moment où nous mettions en ligne, le corps d’Ibrahima Sory Barry est à la morgue de l’hôpital Ignace Deen, pour des fins d’autopsie, selon Amadou 2 Barry.
Souleymane Bah