Les jeunes continuent de tomber dans les manifestations en Guinée. Jeudi 14 août, au rond-point de la Transversale N°8 (T8), quartier Cimenterie, Lamarana Diallo, 16 ans, a été tué par balle en marge d’une manif spontanée au motif encore inconnu.

Selon des témoins, dans la matinée, des jeunes ont barricadé la route, empêchant ainsi la circulation routière. Dans un premier temps, les farces de l’ordre ont usé du gaz lacrymogène pour les disperser. N’ayant pas pu chasser les manifestants, les agents ont tiré à balles réelles. Faisant deux blessés dont Lamarana Diallo. Transporté d’urgence dans une clinique, Lamarana a succombé de ses blessures quelques heures après.

Amadou Sadjo Diallo, père de Lamarana

Amadou Sadjo Diallo, père de la victime, décrit son enfant comme sage, toujours aux côtés de ses parents. À l’école, Lamarana était bon élève. Admis pour la 10ème année, il a été 4ème de sa classe aux compositions de fin d’année. Amadou Sadjo affirme que dans la perspective des préparatifs du BEPC, Lamarana qui étudiait dans la sous-préfecture de Tanéné, dans Dubréka, était venu à Conakry pour faire des cours de vacances. « Hier, on m’a dit que Lamarana est parti à l’école, est resté jusqu’à 11h, son professeur n’était pas venu. Sa maman fait partie du groupement d’assainissement, elle a été appelée à la commune, pour aider à faire les extraits numériques des enfants. Ainsi, elle a pris les extraits de naissance de ses trois enfants et s’est rendue à la commune. Elle n’a pas voulu déranger Lamarana à l’école. Elle dit à sa grande sœur : si Lamarana sort de l’école, dis-lui de me rejoindre à la commune. Revenu de l’école, sa grande sœur lui remet de l’argent et lui dit d’aller prendre la photo, pour rejoindre leur maman à la commune, faire l’extrait de naissance numérique. C’est ainsi que Lamarana a quitté la maison. Arrivé à la T8, il trouve une manifestation spontanée, c’est là-bas qu’il a reçu la balle », témoigne Amadou Sadjo Diallo. 

L’adolescent a été enterré dans la matinée du vendredi 15 août, au quartier Hafia, dans la commune de Sonfonia. Face à l’impunité, le père de l’enfant se résigne. « Je suis vraiment touché. Dieu m’a donné, Dieu a repris. Il fallait qu’il y ait une cause de sa mort… Je m’en remets à Dieu.»

Depuis quelques jours, des manifs éclatent à la T8, jusque-là, le motif n’est pas connu. D’aucuns y voient un signe de la montée de la délinquance juvénile, d’autres celui de la haine contre les agents de maintien de l’ordre, accusés d’être auteurs de plusieurs meurtres lors des manifestations à Conakry. « Dès que les enfants voient les policiers ou les gendarmes, ils s’énervent et leur jettent des cailloux. Comme s’ils ont horreur de les voir à la T8 », a témoigné un habitant du quartier.

Ibn Adama