Le 15 novembre, pendant que Mamadi Doumbouya inaugurait en fanfare l’échangeur de Bambéto dans un fief traditionnel de Cellou Dalein Diallo, celui-ci était en France pour un meeting grandeur nature. Projet Simandou, présidentielle du 28 décembre, situation de son parti…le président de l’UFDG vole de nouveau dans les plumes de la junte.
Malgré la suspension de son parti et son exil prolongé, Cellou Dalein Diallo refuse de courber l’échine. Le président de l’UFDG a réuni à Paris ce qui lui reste encore de cadres et de militants inconditionnels pour passer en revue l’actualité guinéenne. L’opposant tenait aussi à faire ce meeting, devant des centaines de Guinéens de la diaspora, pour certainement montrer qu’il garde encore sa capacité de mobilisation. Pendant une demi-heure, Cellou Dalein Diallo a abordé la présidentielle, le projet Simandou ou encore les moments difficiles de sa formation politique.
Le 28 décembre prochain, les Guinéens se rendront aux urnes pour une présidentielle censée mettre un terme à la transition. L’UFDG regardera cette joute électorale de loin. Le parti, officiellement suspendu faute de congrès, son leader, en exil et confronté à des ennuis judiciaires, ne peut candidater. Ces derniers jours, des rumeurs sur un éventuel soutien de Cellou Dalein Diallo à un des candidats à la présidentielle se faisaient persistantes. Mais le leader de l’UFDG coupe court : « Nous ne participerons pas à la mascarade électorale et nous n’avons aucun candidat. Nous ne soutenons personne, car nous connaissons les résultats de cette mascarade. Le référendum du 21 septembre dernier est la preuve éloquente que c’est une farce électorale. » Selon lui, donner une consigne de vote reviendrait à se dédire : « Si nous nous associons à cette mascarade, à cette confiscation du pouvoir, à ce parjure, nous perdons notre âme. Nous ne le ferons ni directement ni indirectement. Nous sommes des démocrates convaincus. Nous n’allons pas participer à l’enterrement de la démocratie et de la liberté publique dans notre pays. »
Simandou, c’est encore flou ?
La vie au sein de l’UFDG, depuis l’arrivée de Mamadi Doumbouya au pouvoir, est loin d’être un long fleuve tranquille. La junte a fait du parti une pépinière à cadres et militants, en débauchant à tout bout de champ. Des poids lourds de l’UFDG n’ont pas hésité à rejoindre le CNRD et à retourner contre leurs anciens camarades. Pour Cellou Dalein Diallo, le parti se trouve à un tournant décisif : « Nous sommes à une phase critique. Il va falloir faire un choix et l’assumer. Il ne s’agit pas seulement de choisir : il faut assumer ce choix. Nous devons tirer les leçons, sans complaisance, de tout ce que nous avons subi comme injustices, comme difficultés, comme échecs.

Le 11 novembre à Moribayah, dans la préfecture de Forécariah, a démarré officiellement l’exploitation du projet Simandou. Un mégaprojet que les autorités de la transition font passer pour celui qui va sortir la Guinée de l’ornière. Si le projet est encore sur toutes les lèvres, Cellou Dalein estime que les militaires au pouvoir cachent des choses aux Guinéens : « S’ils ont bien négocié, pourquoi ne publient-ils pas les accords conclus avec les compagnies ? La Banque mondiale l’a exigé, l’ITIE l’a exigé, mais ils refusent, disent que c’est secret. » Pour le président de l’UFDG, l’Etat guinéen n’a pas à se bomber le torse pour seulement 15% d’actions : « La seule chose qu’ils disent, c’est qu’ils ont obtenu 15% d’actions gratuites. Mais disons-le, pour la CBG, la première République a obtenu 49% d’actions gratuites. Eux, ils ont 15% dans Simandou ? »
Le leader politique doute de la franchise de la junte concernant notamment les ports : « Ils refusent de dire qu’il n’y a pas de port en eau profonde : ce sont des barges modernes qu’on va utiliser. On va embarquer le fer là-bas et l’envoyer en pleine mer. Il n’y a pas de port en eau profonde, mais ils ne le disent pas… Sur le littoral, le tirant d’eau est très faible. Construire un port en eau profonde est très coûteux. Qu’ils disent donc clairement aux Guinéens : il n’y a pas de port en eau profonde ; il y a un chemin de fer de 570 km et 15% d’actions gratuites. »
Cellou Dalein Diallo s’est une nouvelle fois insurgé contre la détention du président du Mouvement démocratique libéral, Aliou Bah et les enlèvements des activistes comme Foniké Menguè et Billo Bah.
Yacine Diallo


