À la faveur de la célébration de l’entrée en production de la mine de fer de Simandou le 11 novembre à Moribayah (Forécariah), Dji-bas Diakité a égratigné la langue de Molière. Ce qui a fait du ministre dirlo de Cabinet de la Présidence et prési du Comité stratégique du Simandou la risée des réseaux.

À l’heure des réseaux sociaux, tout acte ou propos est jaugé et interprété par les internautes. Après avoir été tourné en dérision en avril dernier au sujet des « 14 kilomètres » de docs contractuels du mégaprojet Simandou, Dji-bas Diakité se fait encore moquer sur la toile à l’occasion de l’inauguration de l’exploitation de cette mine de fer de classe mondiale. Son laïus au port de Moribayah a duré 27mn, le plus long de toutes les interventions du jour. Son passage a fait écarquiller les yeux de plus d’un invité de marque (déposée).

Dji-bas réajuste ses lunettes, lève son regard sur l’auditoire, remonte les manches de son boubou en leppi. Reprenant le fil, souriant, il se concentre quelques secondes et lit lentement. Le micro collé aux lèvres, le coude droit appuyé sur le pupitre. Autant de gestes qui ne l’empêchent pas de buter sur les maux, ignorant les liaisons et peu soucieux de livrer un discours vivant. Prononcer les termes « réussite », « développement », « messieurs », « investisseur », « précipitation », « tribune » s’est avéré laborieux.

La grand-mère française de Djiba !

Le prési du Comité stratégique du Simandou déclare, sans sourciller, que toutes les infrastructures du projet Simandou sont double voie. Valable pour le chemin de fer de 650 kilomètres, mais pas le port, composé de deux quais minéraliers et d’un autre commercial. 

L’autre bévue : « La Guinée sait négocier et exécuter un projet d’envergure selon les meilleurs standards les plus élevés au monde. » Meilleur standard n’aurait-il pas suffi ?

Le ministre dirlo de Cabinet de la Présidence a également lancé « des ports minéralières et commerciales (sic) », mais ce n’est pas tout : « Le train qui a sifflé aujourd’hui est conduite (encore sic) par deux Guinéens, dont une femme », s’enorgueillit-il. Avant d’enchaîner sur « les services techniques et intellectuels avec en la clé (toujours sic) l’excellence guinéenne. »

Dji-bas Diakité a montré aussi sa maîtrise de la grammaire : « Le projet Simandou est multidimensionnel, où toutes les secteurs clés… » Le « secteur » a-t-il changé de genre sans l’aval de l’Académie française ?

Le soutien (gorge) du général Amara Cas-marrant

Comme si cela ne suffisait pas, le ministre dirlo de Cabinet, « du en haut de [sa] tribune », a rendu un vibrant hommage « à la vision du chef de l’État » plutôt qu’à Doum-bouillant en chair et en os. (Excusez du peu !)

Le gêné-râle Amara Cas-marrant, ministre Secrétaire gérant de la Présidence, sur sa page Facebook, a volé au secours de son collègue : « Au-delà des images, je vous disais ceci : il y a certes eu la vision et la détermination du Président, mais il a fallu aussi votre main et votre leadership au Comité stratégique. L’histoire vous retiendra. La vie de personnalité publique est faite ainsi, vous avez tout mon soutien », écrit-il en guise de compassion. « C’est un faux jugement. On ne peut réduire la compétence d’une personne à travers un discours ou une simple éloquence », défend un internaute.

Mais ça reste un indicateur, assène un autre internaute selon lequel l’histoire retiendra de Djiba Diakité « comme quelqu’un ayant négocié un contrat de 14 kilomètres de documents, mais incapable de bien lire une page. »

Yaya Doumbouya