Lundi 24 novembre, 80 chefs d’Etat et de gouvernement européens et africains se sont retrouvés à Luanda (Angola) pour la 7eme fois, pour débattre des problèmes conjoints de leurs organisations. Le dernier sommet du genre remonte à 3 ans, à Bruxelles (Belgique). Il faut noter qu’il y a 50 ans (depuis 1975), que ces responsables se rencontrent périodiquement, pour se concerter à propos des grands problèmes qui secouent le monde.
Le sommet de Luanda est coprésidé par le Président angolais, Joâo Lourenço, et le président du Conseil européen, Antônio Costa. L’Union européenne est également représentée par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, et l’Union africaine par Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine.
À cette réunion, les responsables de l’UE et de l’UA ont disserté sur la thématique « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme effectif ». Au moment où le Président américain glose sur le multilatéralisme et vante les mérites du nationalisme, notamment en matière économique, commerciale et de stratégie de défense, les responsables de l’Union européenne et de l’Union africaine choisissent de sublimer le multilatéralisme dans la promotion de la paix et de la prospérité pour leurs populations. Il s’agit là de deux démarches antinomiques à la source de points d’achoppement entre les pratiques de Donald Trump et celles des Européens et des Africains.
À Luanda, les grandes thématiques dominant aujourd’hui le monde ont été soulevées et ont suscité l’intérêt des participants. La crise climatique caractérisée par la problématique des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) a été débattue. Aussi, les questions migratoires ont été abordées et des recommandations ont été faites, soit pour innover, soit pour améliorer des solutions en vigueur. Des voix se sont élevées contre l’isolationnisme de Donald Trump, reflété par sa politique discriminatoire et inique de tarifs douaniers. Les guerres de Palestine et d’Ukraine ainsi que d’autres questions spécifiques n’ont pas été oubliées sous le boisseau. On peut dire que face à la violence des politiques et des pratiques Trumpistes qui érodent la confiance entre les Etats dans le monde, l’Afrique et l’Europe ressentent la nécessité de mutualiser leurs ressources intellectuelles et matérielles, pour créer les conditions d’émergence de relations vertueuses entre tous les États. C’est la condition sine qua non d’un monde en paix, sans guerre.
Toutefois, l’Europe devrait désormais, forte de l’expérience du passé, faire montre de plus de pragmatisme. On observe, ces dernières années, que ses concurrents en Afrique Inde, Chine et Turquie, ont pris d’importantes parts de marché et d’espaces stratégiques, à ses dépens. Par exemple, l’influence politique, économique, culturelle et militaire de la France est en chute libre dans les Etats du Sahel. Ce recul s’explique par la persistance de relations paternalistes entre les anciennes puissances coloniales européennes et leurs anciennes colonies. Mais aussi par la subordination de l’aide à la qualité de la gouvernance et de la démocratie.
Si l’UE tient à ces conditions comme elle tient à la prunelle de ses yeux, ses concurrents n’en font jamais cas. Ce qui flatte l’égo des gouvernants et des populations africains.
Abraham Kayoko Doré


