La Chine vient de franchir une étape stratégique majeure dans son approvisionnement en matières premières : les premiers chargements de minerai de fer du méga-projet Simandou, en Guinée, ont commencé à être expédiés vers ses ports. Après vingt ans de retard, ce gisement considéré comme l’un des plus riches au monde entre enfin en production. Une nouvelle qui pourrait rebattre les cartes du marché mondial du fer et renforcer durablement l’influence chinoise en Afrique de l’Ouest. 

Après vingt ans de blocages, Pékin voit enfin aboutir un projet minier considéré comme stratégique au plus haut niveau de l’État : l’exploitation du gigantesque gisement de Simandou, en Guinée. Les tout premiers minerais ont quitté l’Afrique de l’Ouest à la mi-octobre, pour un voyage de 45 jours vers la Chine.

Immense enjeu

L’enjeu est immense, avec une teneur en fer supérieure à 65%, parfois qualifiée de « caviar du minerai », Simandou pourrait atteindre une capacité annuelle de 120 millions de tonnes. De quoi représenter à terme près de 10% des importations chinoises, réduisant grandement la dépendance du pays envers l’Australie – partenaire devenu politiquement sensible – et le Brésil. Une sécurisation stratégique pour Pékin, dans un secteur où la Chine absorbe déjà plus de 70% du commerce mondial.

Ancrage régional pour la Chine

Mais l’enjeu n’est pas seulement économique. Avec Simandou, la Chine renforce son ancrage en Afrique de l’Ouest et avance ses pions dans les chaînes d’approvisionnement stratégiques. Ce premier chargement pourrait bien annoncer un basculement du marché mondial du fer, à un moment où les tensions géopolitiques et la transition énergétique redessinent déjà les équilibres.

Clea Broadhurst, Rfi Pékin