Le 4 novembre au port de Kamsar, Nimba Mining Company a redémarré les activités minières et portuaires naguère effectuées par Guinea Alumina Corporation, une filiale du groupe Emirates Global Aluminium qui exploitait, entre autres, les mines de Tinguilinta (Boké).

La concession minière retirée à GAC le 4 août dernier a été, à la même occasion, refilée à la compagnie nouvellement créée par la junte, Nimba Mining Company (NMC), détenue à 100% par l’État guinéen. Un communiqué de NMC indique que la reprise des activités « marque une étape décisive dans la relance du secteur bauxitique, avec le premier chargement de 200 000 tonnes de bauxite de haute qualité, dans le cadre d’un contrat de vente de 1,5 million de tonnes signé le 15 octobre dernier.»

La nouvelle société étatique déclare que « ce succès » marque l’entrée de la Guinée dans une nouvelle ère de développement minier, il « prend en main l’ensemble de la chaine de valeur, de l’extraction à la commercialisation de ses ressources en passant par la transformation. À terme, l’ambition est de bâtir un écosystème industriel complet autour de la bauxite. » A quand la transformation ? Allez savoir !

GAC avait perdu ses plateaux-bauxite de Tinguilinta (entre Boké-Kamsar) estimés à 400 millions de tonnes (qui devaient être exploités jusqu’à 2040) dans un contexte de retraits massifs inédits de permis miniers. Les autorités de la transition lui reprochent d’avoir manqué à la convention de base et violé le Code minier. En deux décennies d’exploitation et d’exportation de la terre rouge guinée-haine, le groupe émirati n’a pu bâtir une raffinerie pour transformer localement la bauxite en alumine. Ainsi, en allure de nationalisme, la junte lui avait retiré sa concession minière.

« Le redémarrage des opérations du NMC, en un temps record, prouve la capacité de la Guinée à assurer elle-même la continuité de ses activités minières stratégiques. Le premier chargement symbolise la reprise en main de nos ressources et la montée en puissance d’un opérateur national crédible. C’est un jalon important dans la consolidation de notre souveraineté minière et dans la professionnalisation du secteur », déclare Djiba Diakité, le dirlo de cabinet de la Présidence. Pour lui, la reprise des actifs du GAC symbolise une nouvelle ère industrielle pour le secteur minier guinéen : un modèle fondé sur la souveraineté, la performance et la transparence. Même que NMC incarne la volonté du goubernement de rationaliser et de professionnaliser la gestion de ses ressources naturelles, tout en assurant leur pleine valorisation sur le trottoir.

Le rêve d’Huillier…

Début septembre dernier, la junte a confié les rênes de Nimba Mining Company au Français Patrice L’Huillier, qui a une trentaine d’années d’expérience dans les mines et l’alumine en Afrique et ailleurs. « Le premier chargement est le fruit d’un engagement collectif exceptionnel ayant permis la reprise effective des exportations depuis les installations portuaires de Kamsar. En seulement deux mois, nous avons remobilisé les équipes et démontré que la Guinée dispose aujourd’hui de toutes les compétences nécessaires pour opérer et valoriser ses ressources naturelles. NMC ambitionne de devenir un champion national non seulement d’extraction, mais aussi de transformation de la bauxite afin d’accroître la valeur ajoutée créée localement », déclare Patrice L’Huillier.

Pour autant, Guinea Alumina Corporation n’a pas dit son dernier mot. Selon nos infos, le groupe émirati qui dénonce une « expropriation illégale » de sa concession minière, s’apprêterait à attaquer la décision de retrait de sa convention devant les juridictions internationales compétentes.

Yaya Doumbouya