Mardi 1er septembre, des sages des quatre coordinations régionales de la Guinée avaient inhalé du gaz lacrymogène gracieusement distribués par des gendarmes. C’était à Tanènè (Dubréka), au domicile d’El Hadj Sékhouna Soumah, le Khountigui (doyen des sages) de la Basse-Côte qui accueillait ce jour une réunion défavorable au troisième mandat du président Alpha Condé. Cerise sur le gâteau : nos sages ont été séquestrés, empêchés de sortir jusqu’au lendemain par les pandores qui ont monté la garde devant le domicile du patriarche, toute la journée et toute la nuit. Comme pour s’assurer que le gaz a été bien aspiré par qui de droit.
Un acte qui a provoqué une levée de boucliers. Parmi les réactions, celle du premier imam de la Grande Mosquée de Labé, El Hadj Mamadou Badrou Bah, interrogé par notre confrère Guinéematin. « Ce qui s’est passé au domicile d’El Hadj Sékhouna Soumah est surprenant. Si ce sont les notables, les sages, les érudits, qui œuvrent pour la paix, pour ne pas que le tissu social soit déchiré, qui sont agressés, c’est une chose qui doit préoccuper tous les Guinéens », estime celui qui est également Inspecteur régional des affaires religieuses de Labé.
El Hadj Mamadou Badrou Bah espère que l’ordre ne soit pas venu d’Alpha Condé, et veut croire que ce dernier n’en soit même pas informé. « Car ceux qui font ces actes n’agissent ni dans l’intérêt du pays ni dans celui du Président lui-même. (…) Nous demandons au président de la République de veiller sur ce genre de situations, parce que ce sont des actes qui ne lui permettront pas de bien gouverner le pays ».
Le premier Imam de Labé se ravise toutefois qu’il y a un précédent. « Nous avons vu des choses similaires se produire chez le Khalife du Fouta, El Hadj Bano, à Pita, mais aussi à Labé, où du gaz lacrymogène a été lancé dans certains domiciles ». Autant dire qu’en Guinée, gazer les sages est devenu banal.
Diawo Labboyah