Après la région de la Haute-Guinée, les protestations contre les délestages électriques se transportent désormais vers la Basse-Guinée. Les jeunes de Kindia ont battu le pavé hier jeudi 17 septembre, comme ils l’avaient fait la semaine passée pour réclamer le courant et l’emploi. Vendredi 18 septembre, c’est le tour de ceux de la localité de Kollaboui, située à une vingtaine de kilomètres de la préfecture de Boké d’exiger bruyamment de la mairie, le retour du courant dans les ménages. Certainement que la jeunesse du Foutah et celle de la Forêt se joindront au mouvement quand elles seront sures d’avoir enterré tous leurs morts et libéré la totalité de leurs prisonniers politiques. Pour le moment, c’est Boké qui monte au créneau.
Tôt le matin, les manifestants de Kollaboui ont bloqué la nationale Cona-cris-Boké et les rails qui traversent la ville, entrainant la paralysie totale des activités, notamment la production minière de la CBG : « Tout le monde cherche à nous berner, l’ANAIM, les autorités locales, la sous-préfecture. Nous manifestons aujourd’hui pour les avertir, les alerter sur ce que nous subissons à Kollaboui. Maintenant, nous serons dans la rue jusqu’à ce qu’ils nous entendent. Nous voulons que le courant revienne » clame Fodé Touré, responsable de la jeunesse de Kollaboui.
La sous-préfecture était desservie par trois groupes électrogènes fournis par l’Agence nationale de l’aménagement des infrastructures minières, ANAIM. Faute d’entretien, ils sont tombés en panne un à un. Et la sous-préfecture de Kollaboui qui avait l’électricité de 19h à 9h le lendemain, s’est retrouvée d’un jour à l’autre, avec une desserte entre 19 et 2h du matin pour certains quartiers. D’autres n’en avaient pas du tout. Face à la colère qui montait, les responsables de la Mairie ont décidé de mettre à l’arrêt, depuis 3 jours, le seul groupe qui fonctionnait. Gassim Kaba, conseiller chargé de la communication de la mairie explique : « Il y a eu des coupures intempestives ces derniers temps. Le premier groupe électrogène s’est éteint il y a un an, la commune a négocié avec l’ANAIM pour le réparer, faire l’extension du réseau et installer les transformateurs. Mais le groupe n’a pas été réparé jusqu’à ce que le deuxième tombe en panne. Il ne restait qu’un seul groupe, nous avons réparé le premier groupe, nous avons alors jugé nécessaire de faire la rotation entre les quartiers. A cause de la surcharge, le turbo a lâché, les jeunes du quartier qui avait le courant se sont opposés à toute rotation avec les autres quartiers. L’autorité communale, en collaboration avec la sous-préfecture, a décidé d’arrêter tout pour ne pas que ça crie ». Mais cela n’a pas empêché les jeunes de manifester ce vendredi : « Nous avons interpellé toutes les parties, mais eux, ont préféré envoyer un courrier pour nous annoncer une grève. Aujourd’hui ils sont descendus dans la rue ».
Cette manifestation a fait les choux gras des détracteurs de l’Alphaghouvernance. Ils se sont donnés à cœur joie sur les réseaux sociaux, en mettant en avant l’incapacité du régime de fournir de l’électricité à tous les quartiers du bled. Il y en a qui ont carrément lié cette manifestation à une opposition au 3e mandat du Grimpeur : « Nous considérons que c’est une manifestation purement citoyenne. C’est une réclamation des services sociaux de base. Si nous voyons des publications sur les réseaux sociaux faites par des communicants des partis politiques, nous ne sommes pas dans un cadre de récupération politique. Jusqu’à preuve du contraire, nous considérons que c’est une manifestation citoyenne ».
Les jeunes, eux, n’attendent qu’une seule chose : le retour de l’électricité dans les ménages.
Yacine Diallo