Une épidémie de fièvre jaune sévit dans la préfecture de Koundara depuis plusieurs jours, a-t-on appris auprès de la Direction préfectorale de la Santé. Sur 25 cas identifiés, 13 décès sont déjà à déplorer, selon Dr Kolouba Kalivogui, le dirlo préfectoral de la Santé, DPS. Aussi, six des sept sous-préfectures du buisson de Koundara ont notifié des cas. Le ministère de notre Santé malade a du pus sur la…plaie. Et comment !
En séjour dans le coin, notre envoyé partial a bavardé avec des toubibs et le Directeur préfectoral de la santé, Dr Kolouba Kalivogui, pour en avoir le cœur net. Le DPS confirme qu’il y a une épidémie de fièvre jaune dans le buisson de Koundara, situé à 700 kilomètres au nord-est de la Guinée, en passant par la route nationale N°5, RN5. « Je confirme qu’il y a une épidémie de fièvre jaune dans le District sanitaire de Koundara, puisque nous, nous disons : un seul cas de fièvre jaune est une épidémie. » Il narre : «Début octobre, des cas de fièvre accompagnés des cas de diptère venaient consulter au service de pédiatrie de l’hôpital préfectoral. Au total, il y a eu cinq cas, au mois d’octobre, selon le Directeur préfectoral de l’hôpital. Ces cinq cas ont été testés au paludisme, parce qu’ils sont entrés pour fièvre et avec ictère qui n’était pas tellement marqué. Quand ils ont été testés au TDR du paludisme, ils étaient positifs. Le laboratoire avait confirmé aussi le paludisme par la goutte épaisse. Les enfants ont été donc pris en charge au compte du paludisme. C’étaient des cas sporadiques et isolés. Ce n’est qu’au début du mois de novembre que le nombre a commencé à augmenter. » Cela a attiré l’attention du médecin de la pédiatrie, de la Direction de l’hôpital, la DPS est aussitôt alertée. «Parce que les derniers cas qui venaient maintenant étaient accompagnés avec des engivoragies. Alors nous, nous avons été informés le 6 novembre. J’ai instruit au laboratoire et au CTEP (Centre de traitement épidémiologique) de faire le prélèvement. » Celui-ci a été fait et acheminé au Laboratoire des fièvres hémorragiques de Nongo, à Conakry. Le processus a été poursuivi. « Mais c’est exactement le 19 novembre que nous avons été informé que l’un de nos échantillons était positif à la fièvre jaune », précise le Dr Kalivoqgui. Depuis cette date, pour certainement atténuer le coup, l’hosto a activé son COU (Centre des opérations d’urgences). « Nous avons ensuite invité tous les chefs de centre pour les informer et les mettre à niveau, pour la définition des cas. On leur a dit de continuer la surveillance et de remonter tous les cas de fièvre vers l’hôpital. C’est ce qui continue », dit le DPS.
La section surveillance a été sommée d’aller sur le terrain et de faire l’investigation pour identifier les potentiels cas dans les coins qui ont enregistré au moins un cas plus tôt. Dr Kalivogui de préciser : «Puisqu’on avait fait un rapport à Conakry, l’ANSS, Agence nationale de la Sécurité sanitaire, nous a demandé un plan de riposte que nous avons aussitôt élaboré. Après son examen, l’ANSS a dépêché une mission de riposte du niveau central vers notre district sanitaire. Boké a aussi mobilisé l’équipe de surveillance au niveau régional ».
Selon lui, à date (le 26 novembre), les deux missions conjointes et l’équipe cadre de la préfecture sont sur le terrain.
Des vaccins insuffisants
Les délégués sont arrivés à Koundara avec un lot de vaccins. Seulement voilà ! La dose est insuffisante pour permettre de vacciner les marmots du buisson, encore épargnés par l’épidémie de la fièvre jaune. Les autorités hâtent le pas. Selon le DPS, elles mettent l’accent sur la sensibilisation, en attendant la dose suffisante de vaccins. Il témoigne : « Hier (le 25 novembre Ndlr), le Préfet a réuni tous les maires, tous les sous-préfets, les membres des organisations de la société civile, les notabilités pour l’information et la sensibilisation de la population (…) Il faut informer les citoyens que des chercheurs se rendront dans les familles pour examiner l’eau de boisson, pour ne pas qu’ils soient surpris ». Evidemment. Prévenir, vaut mieux que guérir, non ?
Que faire ?
En attendant toujours l’arrivée des vaccins, donc la vaccination de riposte, Dr Kolouba Kalivogui conseille d’orienter tous les cas de fièvre et les marmots fébriles vers la structure sanitaire la plus proche. Assainir les milieux, surtout les gîtes larvaires, genre eaux stagnantes, toilettes, fossés. Au populo, de dormir sous les Moustiquaires imprégnées à longueur d’action, MILDA. De rester serein. L’agent causal est à la fois au village et en ville. Sauf que ces moustiquaires sont distribuées chaque trois ans. Il reste encore une année avant la prochaine opération. « Il va falloir augmenter la quantité pour approvisionner suffisamment la population. Il y a des moustiquaires déjà déchirées, aux citoyens qui n’en ont pas, il faut le leur donner », déclare Dr. Kalivogui.
Mamadou Siré Diallo,
envoyé partial