Dans quelques jours, décembre le dernier mois de l’année, ne sera plus qu’un souvenir. Il devrait donc être mis à profit par la famille sportive pour réfléchir sur la situation de notre sport. Une démarche devant consister en une évaluation essentiellement centrée sur la politique sportive du pays. Un exercice certes difficile mais impératif au regard de la responsabilité de chacun parmi nous vis-à-vis de notre chère Guinée. Convaincu du fait que le pays ne sera que ce que nous voudrions qu’il soit, chacun à la place qu’il occupe a le devoir de jouer sa partition dans la construction nationale. Raison pour laquelle, loin des positions partisanes ou opportunistes, nous ne manquerons jamais d’être au-dessus de la mêlée.
En cette année 2020 marquée par la propagation de la pandémie du Covid-19, qui s’en va dans quelques jours, faire le bilan de la politique sportive du pays revient objectivement à procéder à un découpage en séquences correspondant aux républiques vécues depuis 1958. Il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître, les plus belles pages du sport guinéen ont été écrites à l’époque de la Première République. Malgré son système fortement centralisé et étatique, la Première République a favorisé une animation sportive tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. En plus, de nombreux cadres et techniciens sportifs ont été formés en Guinée et à l’étranger.
Si les performances sportives de l’époque ont été utilisées à des fins politiques pour justifier les choix opérés dans la gestion du pays, par contre des insuffisances ont été relevées à l’avènement des militaires en avril 1984. Il s’agit du manque criard d’infrastructures sportives aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays. En effet, notre pays ne dispose à ce jour que de l’unique complexe sportif du stade 28 septembre de Conakry, qui date des années 60, du grand stade Général Lansana Conté de Nongo dont la finition tarde encore, et du stade El Hadj Saïfoulaye Diallo de Labé en état de délabrement avancé. Le stade 28 septembre de Conakry est la seule plateforme léguée à la seconde République. Le constat est simple et implacable : le sport a servi la politique de la première République, mais en retour la politique n’a pas entièrement servi le sport. A ce propos, les trois républiques que nous avons vécues sont à loger à la même enseigne, pour ce qui concerne les infrastructures sportives.
Le 3 avril 1984, après la disparition du premier président de la Guinée, un coup d’Etat militaire instaure la seconde République. Nous assistons alors à une totale rupture dans le mode de gestion du pays. L’économie de marché et la libre entreprise se substituent à la gestion centralisée de l’économie. Ainsi, les associations sportives voient le jour et participent à l’animation des compétitions locales. Au fil des ans, qu’est-ce que l’on a constaté ? Une totale distorsion entre la volonté politique affirmée et matérialisée de la libre association, et un environnement économico législatif qui n’a pas suivi.
Conséquence : les associations et clubs sportifs ont évolué dans une certaine confusion, et n’ont guère profité de la nouvelle donne instaurée dans le pays.
Fort heureusement, conscientes de cette situation, les autorités ont décidé de la tenue de la première conférence nationale de la jeunesse et des sports en Octobre 90. Celle-ci a jeté les bases d’une politique beaucoup plus en adéquation avec l’option prônée depuis avril 1984. Malheureusement pour le pays, l’intendance n’a pas suivi. C’est ce constat que les Etats généraux de septembre 92 ont établi. A noter que cette instance a produit les meilleurs documents qui soient pour le pays, en matière de politique sportive. Encore une fois, les pertinentes recommandations et résolutions n’ont pas été traduites dans les faits. Raison pour laquelle, en dépit de ce qui aura été dit et fait, on se retrouve presque toujours à la case départ. A mercredi prochain !
Thierno Saidou Diakité