La Haute-Guinée, bastion du parti au pouvoir, a combattu à sa façon, le troisième mandat du Prési Alpha Grimpeur. A la différence du FNDC (Front nationale pour la défense de la Constitution), les populations de la Haute-Guinée, au crépuscule du second mandat du Grimpeur, ont multiplié les manifs, pour réclamer les services sociaux de base (eau, électricité routes, etc.). En quelque sorte, les jeunes dénonçaient le bilan des dix ans de gestion du RPG, le parti pour lequel ils se sont battus pour qu’il accède au pouvoir. Comme pour dire qu’ils détestaient le troisième mandat. Kankan, Siguiri, les deux principales villes de la région, ont été le théâtre de violences, même si la répression n’a pas été féroce comme celle exercée contre les militants du FNDC à Conakry, où on a déploré de nombreux assassinats, des blessés et des dégâts matériels.
En utilisant le bâton et la carotte, le pouvoir a pu calmer les jeunes, afin de mener sa campagne, obtenir le troisième mandat au forceps. Durant sa campagne, Alpha Grimpeur a promis à la jeunesse de la Haute-Guinée, monts et merveilles dont l’eau, l’électricité, les routes, l’emploi. D’où son slogan « Prospérité partagée ». Après avoir eu son troisième mandat avec l’appui de l’armée bien sûr, il fait face à des difficultés financières : les prix des denrées de première nécessité grimpent, bref le pouvoir d’achat du Guinéen baisse, la pauvreté s’accentue. C’est ce moment que choisissent le prési Grimpeur et son PM Cas-Sorry Fofana pour annoncer des lendemains difficiles pour les Guinéens. Alors que deux mois plus tôt, ils avaient promis la « Prospérité partagée ». Paradoxal, non ? La Haute-Guinée multiplie les manifestations pour réclamer le développement, le mieux-être.
La Haute-Guinée se réveille
Cinq mois après l’investiture d’Alpha Grimpeur, les préfectures de la Haute-Guinée se réveillent pour encore réclamer les services sociaux de base, montrer combien de fois elles n’ont pas confiance au pouvoir, elles réfutent carrément la nomination d’une autorité locale, en l’occurrence la préfète Gnalen Condé, proche du ministre de l’Administration du trottoir, Général Bouréma Condé. Depuis quelques jours, les populations de Dabola manifestent pour dire non à la nomination de la dame à la tête de leur préfecture. Les populations profitent de ces manifestations pour exprimer leur ras-le-bol contre la mauvaise gouvernance (manque d’infrastructures).
A Kankan, le mouvement pour l’électrification de la Haute-Guinée menace de reprendre la rue, parce que les autorités n’ont pas respecté leur engagement de donner l’eau et l’électricité. «C’est notre première réunion depuis l’arrêt des manifestations. Donc, nous avons décidé d’appeler tout le monde pour qu’on échange nos idées afin de mettre des stratégies en place. Lors des précédentes manifestations, nous avons eu beaucoup d’expérience sur comment procéder la prochaine fois. Nous ferons une assemblée, afin de prendre une décision sur la date de notre prochaine sortie », avait dit en février dernier, Mamoudou Kaba, président du mouvement pour l’électrification de la Haute-Guinée.
Récemment, à Kouroussa, pour une histoire de mines d’or, les violentes manifestations se sont soldées par la mort de deux gamins, tués par balles. On a aussi déploré des blessés et des dégâts. Voilà qu’à Siguiri, les jeunes menacent de redescendre dans la rue, pour réclamer les services sociaux de base. « Depuis le jour de la négociation jusque-là, l’autorité garde le silence. Elles ont dit que les activités peuvent démarrer d’ici le 30 avril, mais on ne voit aucun signe. Cette fois-ci, nous allons faire une sortie illimitée, c’est-à-dire une manifestation illimitée, parce que l’autorité ne nous considère pas, surtout le préfet de Siguiri. Le jour de la négociation, le préfet était malade. Aujourd’hui il est rétabli, mais il n’a même pas demandé les contours de la manifestation. Ce n’est plus l’affaire d’un quartier, mais plutôt l’affaire de tous », a indiqué Fodé Keita, président de la jeunesse de Siguiri.
Ibn Adama