Après les « victimes » du projet Souapiti, place au personnel de la direction générale de grommeler. Alors que les travaux du barrage tirent à la fin, le personnel dénonce des conditions de travail incompatibles avec les engagements pris lors du recrutement. Ils pestent également contre ce qu’ils appellent leur remplacement de façon unilatérale.

Le groupe étale à la place publique un problème qui remonterait au début du projet en 2015. Tout le personnel de la direction générale aurait été recruté pratiquement par recommandation. Ce sont les cadres (en bois) de la direction de Souapiti, du ministère de l’Énergie qui y ont placé leurs proches et connaissances. Mais dès le début des travaux, ils sont confrontés à un énorme casse-tête : « Nous avons été victimes de beaucoup d’injustices à Kaléta et durant ces cinq années à Souapiti. La direction générale a engagé les travailleurs sans contrat. Quand le directeur général est arrivé, nous avons organisé une assemblée générale, il nous a promis des contrats. Ces contrats écrits ne sont jamais venus. Il nous a dit que nous recevrons 50% des salaires promis, mais le reste n’a jamais été donné. Nous n’avons ni congé annuel ni bulletins de salaire. Dans cette administration, les diplômes ne comptent pas et la prise en charge médicale des travailleurs n’existe presque pas » déclare Paul Kokoly Haba, cadre du département de réinstallation.

A l’origine, le directeur général aurait dit aux travailleurs que la société qui s’occupe des travaux ne dispose pas de toutes les ressources, que les travailleurs qui devraient toucher au moins 3 000 000 de francs guinéens ne prendraient finalement que la moitié.  Les choses sont restées ainsi pendant cinq ans avant que ces travailleurs ne soient finalement priés de plier bagage. Paul Kokoly Haba explique : « Nous nous trouvons en fin de projet, selon la direction. Nous avons été libérés avant même d’assister à l’inauguration du barrage. Quand ils ont compris que nous sommes en train de nous organiser pour réclamer le reliquat des salaires, ils nous ont convoqués, ils ont cherché à libérer tout le monde avec dix mois de salaire. Ces dix mois de salaire représentent quoi ? C’est une prime de séparation ? C’est un droit ?  C’est le reste de notre argent ? En tout cas, nous réclamons les 50% de nos salaires. »

Après l’opération de licenciement, la direction aurait repris 22 parmi les travailleurs. Les autres promettent de continuer à se battre pour entrer en possession du reste de leur argent.

Yacine Diallo