Le lundi 3 mai, à travers un communiqué, El Hadj Aly Jamal Bangoura, secrétaire général des affaires religieuses, a interdit les prières nocturnes sur toute l’étendue du territoire national durant ces dix derniers jours du Ramadan. Cette initiative repose sur une recommandation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), qui motive sa décision par le souci de limiter la propagation de la pandémie de la Covid-19. Seulement voilà ! La décision a été mal accueillie par la population.

Ce mardi 4 mai, Dr Moussa Koné, chef du département surveillance de l’Agence nationale de sécurité sanitaire a expliqué le bienfondé de cette interdiction dans l’émission Œil de Lynx.

Quand nous regardons le profil épidémiologique de notre pays qui a commencé depuis le 12 mars 2020, nous nous rendons compte qu’au jour d’aujourd’hui nous sommes à plus de vingt-deux mille trente-cinq et quelques cas confirmés. Sachant que la religion est une activité qui regroupe les hommes autour d’un idéal et pendant un certain temps, cette période favorise la transmission parce que, les prières sont beaucoup plus régulières surtout celles qui sont nocturnes et que nous vénérons en ce mois de ramadan, surtout les 10 derniers jours. Donc nous passons plus de temps à la prière nocturne que les autres prières. Sur ce, nous avons jugé nécessaire qu’il ne faudrait pas mettre fin à la prière mais au moins pendant cette période prendre des dispositions pour éviter des regroupements qui se font dans des lieux fermés comme les mosquées.

Certains observateurs voient cette interdiction comme « deux poids deux mesures. » Interdire les prières nocturnes alors que les marchés comme Madina et autres sont bourrés de monde, pour Dr. Koné, le temps d’exposition dans un marché est différent du temps de prière dans une mosquée « quand je viens pour faire mes 5 Rak’aats, je ne fais pas une minute, je passe plus de temps à prier et faire des bénédictions. Donc, on met beaucoup plus de temps dans la mosquée pendant le ramadan que les autres jours ».

Parlant de la prière qui se fait après la rupture du jeûne, communément appelée la « nafila », elle regroupe beaucoup plus de personnes que les prières nocturnes. Pourquoi cette prière n’a-t-elle pas été supprimée ? Dr Koné rétorque que c’est des regroupements qui ne sont pas aussi grands que les prières des dix derniers jours.

Mais par contre, lors des prières des 10 derniers jours, on passe plus de 2 à 3 heures en train de prier. C’est un regroupement qui dure beaucoup plus, or dans un marché, c’est un passe-temps. Et les voies de transmission de la Covid 19 sont les voies aériennes, c’est l’émission des gouttelettes de salives et quand celles –ci se propagent avec l’air, forcément il y aura contamination. C’est l’inconvénient d’être avec plus de monde dans un espace clos. Par contre, dans le marché, l’air continue de circuler dans tous les sens. Dans la mosquée il y a beaucoup plus de renouvellement de l’air et c’est là que l’exposition est plus grande.

Kadiatou Diallo