Plus les jours passent, plus le mouvement syndical s’enfonce dans la crise. Depuis plus de deux ans, des factions rivales du SLECG (Syndicat libre des gens-saignants et chercheurs de Guinée), de l’USTG (Union syndicale des travailleurs de Guinée) et d’autres centrales syndicales s’affrontent par médias interposés, devant les cours et tribunaux. Au grand bonheur du gouvernement qui ne lésinerait pas sur les moyens, pour réussir à mettre au pas même les syndicalistes les plus irréductibles.
Le SLECG s’est divisé aujourd’hui trois: ceux qui restent toujours fidèles à Abou-Sou-mât, le rebelle, ceux qui sont derrière dame Kadiatou Bah et ceux exclus de la centrale. Ces derniers sont menés par Oumar Tounkara, ex secrétaire général adjoint du SLECG. L’USTG, elle, est passée à la vitesse supérieure. Les deux factions sont en procès depuis plus d’une année. L’USTG Mamou, avec à sa tête Abdoulaye Camara, avait d’abord porté plainte contre Louis M’Bemba Soumah, ancien secrétaire général, pour usurpation et vol. Ce dernier décédé, c’est désormais Abdoulaye Show, actuel secrétaire général de l’USTG Conakry qui est visé. Pourtant, le TPI de Kaloum lui avait donné raison en première instance. La juridiction avait estimé qu’il était fondé à utiliser le logo et le sigle de l’USTG. L’affaire est trimbalée à la Cour d’appel de Conakry. Le Show devait comparaître ce 22 juin. L’audience ne s’est pas tenue. Le clan Abdoulaye Cas-marrant dénonce des tractations qui viseraient à donner raison à ses adversaires : « Aujourd’hui, des personnes utilisent des relations. Ils nous ont amenés à la Cour d’appel, parce qu’ils y ont des relations, des magistrats véreux, des cadres cachés, méchants qui entretiennent la division au niveau du mouvement syndical sont derrière ce faux dossier. Les autres ont des faux papiers, parce que leur congrès n’était ni légitime ni légal, ils portent plainte contre nous sur du faux. Nous sommes allés au TPI de Kaloum, ils ont été déboutés. Ils amènent le dossier à la Cour d’appel à dessein pour que le mensonge triomphe sur la vérité. Chaque mois, on nous convoque avec l’aide certains magistrats véreux. Mais parmi eux, il y a de bons, et ces bons magistrats ont cassé cette affaire à la Cour suprême. La Cour d’appel a été dessaisie de l’affaire, parce que nos adversaires ont utilisé de faux documents.»
Au début, c’était Louis M’Bemba Soumah qui était visé. Le clan Abdoulaye Camara ne digère pas la décision de reporter le congrès de Mamou, de privilégier, à l’époque, un rapprochement avec le SLECG de Sou-mât et la FESABAG de Show. Pour Abdoulaye Sow, l’affaire judiciaire n’existe plus : « Est-ce que je suis un ayant-droit de Louis M’Bemba ? Je ne suis pas de sa famille. Mais, ils ont effacé son nom pour mettre le mien. Ils disent que j’habite à Boulbinet, alors que je suis à Nongo. Ce sont des acrobaties pour chercher à inverser la vérité…Ils ont dit que Louis M’Bemba détournait de l’argent… Ils ont bloqué notre compte bancaire, mais la banque a levé le blocage, parce que la vérité était de notre côté. Et ils accusent l’USTG d’avoir organisé le mauvais congrès. D’ailleurs, les cours et tribunaux n’ont pas vocation à juger les affaires syndicales. C’est Tribunal de travail qui a mandat de le faire, et ce tribunal s’est déjà prononcé en notre faveur. »
Ce bicéphalisme a éclaté au grand jour entre les deux clans de l’USTG quand Louis M’Bemba Soumah, ancien secrétaire général de la Centrale syndicale a voulu se retirer. Un congrès est programmé à Mamou début 2019. Entre temps, l’opportunité de faire revenir le SLECG et la FESABAG, deux structures fondatrices de L’USTG, se présente. Louis M’Bemba saisit l’occasion, annule le congrès de Mamou, donne la chance à l’unification du mouvement. Une décision qui n’a pas été du goût de tout le monde. Depuis lors, chacun revendique la paternité de l’USTG.
Yacine Diallo