Les coups d’Etat militaire se succèdent en Afrique de l’Ouest. Après le Mali (août 2020), la Guinée (septembre 2021), des militaires burkinabè ont déposé leur Président, Roch Marc Christian Kaboré, le 24 janvier.
Face à cette recrudescence de coups de force dans la sous-région, des observateurs accusent la non prise en compte des revendications des populations par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO. Dr Sékou Koureissy Condé, prési de l’ARENA (Alliance pour le renouveau national) est de ce groupe. Il pointe du doigt la CEDEAO, qui selon lui, défend beaucoup plus les chefs d’État que les peuples. « Le pouvoir est tentant, je ne suis pas un défenseur des coups d’Etats, loin s’en faut. Je suis un pacifiste, mais je constate : premièrement, le serment républicain des armées africaines est en train de changer de contenu. Il faut se ressaisir, la CEDEAO doit devenir la CEDEAO des peuples. Malheureusement, elle s’est éloignée des populations, elle ne traite même plus avec les gouvernements, mais seulement avec les chefs d’État et ça un effet néfaste. Donc, j’en appelle à la responsabilité africaine de nos forces armées. Quoique l’on dise, j’ai pris l’exemple du Mali, depuis le président Modibo Keita, en 1968, avec Moussa Traoré jusqu’aujourd’hui, vous avez eu combien de coups d’Etat ? Est-ce que les coups d’Etats vous ont sorti des difficultés politiques, économiques et socioculturelles ? Le coup d’Etat n’est pas ma réponse, évidemment au cas par cas, il faut que nos militaires, nos officiers assermentés justifient leur action. Il ne faut pas que la transition soit un escalier de prise du pouvoir et d’installation au pouvoir », a indiqué Dr Sékou Koureissy Condé chez nos confrères de FIM FM, ce mercredi 26 janvier.
Selon lui, la CEDEAO s’est privée récemment d’un outil majeur : la médiation, qui serait la seule recette africaine en matière de règlement des conflits. «Il y a les initiatives africaines de médiation et de règlement pacifique. Il faut revenir là, c’est-à-dire que je prends l’exemple sur le président Blaise en 2014. African Crisis Groupe était au Burkina dès octobre, après l’annonce du projet de modification de la constitution de l’art 37. La CEDEAO n’est venue que trois mois après, c’est-à-dire que la réponse institutionnelle n’est venue que trois mois après. La réponse institutionnelle n’est pas la solution ; la réponse, elle doit être transnationale et transfrontalière. Il faut que les sociétés civiles, les partis politiques, les organisations, les médias puissent communiquer sur le sort du Mali comme si c’était le sort de la Guinée. La CEDEAO n’est pas tributaire de notre destin, nous sommes responsables de notre destin. Il faut aplanir les choses, encourager les peuples à aller les uns vers les autres, c’est cette approche transfrontalière et transnationale des initiatives, des sociétés politiques qui pourra nous convaincre de changer le cap », a conclu Sékou Koureissy Condé.
Kadiatou Diallo