El Hadj Boubacar Biro Diallo a participé à la cérémonie qu’ont organisée ses enfants et leurs amis pour lui rendre hommage, ce vendredi 28 janvier. L’événement s’est déroulé à son domicile situé dans le quartier Poudrière, commune urbaine de Mamou. Gouverneur et préfet, maire de la commune urbaine, inspecteurs régionaux, préfectoraux et communaux des Affaires religieuses, Sanoussy Bantama Sow de Mamou et ancien ministre de la République, étaient tous aux côtés du doyen, lors de la cérémonie de lecture du Coran.

Assis parmi l’assemblée, le vieux Biro a béni l’assistance et le pays. Au terme de la cérémonie, Colonel Aly Badara Camara, gouverneur de la région administrative de Mamou a dit sa joie de célébrer le doyen qui «était là aux premières heures de l’indépendance de la Guinée. Cent ans, Dieu ne l’accorde pas à n’importe qui. Au nom de toutes les autorités, le Président en tête, je remercie les organisateurs. Je prie Dieu qu’Il nous donne la chance de célébrer d’autres années de ce grand homme. J’invite les jeunes à venir le voir, l’écouter. El Hadj Biro a beaucoup de choses à nous transmettre.»

Pour le Colonel Mamady Diallo, préfet de Mamou, ce qu’El Hadj Biro Diallo a eu est le souhait de tout un chacun. «Un homme de siècle, Dieu ne donne pas à tout le monde. Nous avons la chance qu’un fonctionnaire qui a franchi tous les échelons de l’administration devient un symbole pour toute la Guinée. C’est de la joie, parce que cet homme est de Mamou et Dieu nous a donné la chance de célébrer ce centenaire avec lui pendant que nous sommes aux commandes», a exulté le Colonel Mamady Diallo. Il prie pour le rassemblement du peuple de Guinée, comme souhaité par le CNRD, à sa tête le Colonel Mamadi Doumbouya.

Bantama refait surface

Sanoussy Bantama Sow a refait surface à Mamou, depuis la chute d’Alpha Condé. Selon l’ancien ministre, «on ne peut pas écrire l’histoire de ce pays sans parler d’El Hadj Biro qui a participé à l’époque coloniale et celle d’indépendance de la Guinée.» Lui, il a trois raisons de participer à la cette cérémonie. Se considérant avant tout comme membre de la famille, il se souvient : «Il y a un an, mon père est tombé malade. Quand El Hadj Biro l’a appris, il est sorti sous la pluie à 22h, pour aller le voir et prier pour lui. Ensuite, en tant que fils de Mamou qui est dans la politique. El Hadj Biro aussi, après l’éducation, est devenu homme politique. Donc, nous sommes sur les traces d’El Hadj Biro. Chaque fois dans les chahuts, on dit que nous sommes les héritiers directs d’El Hadj Biro. Enfin, en tant qu’homme d’Etat, homme public de la Guinée, El Hadj Biro l’a été et l’est, on ne peut pas ne pas venir à Mamou assister à cette fête. Un homme qui a cent ans et qui est lucide, qui a la voix, c’est une chose que chaque homme demande. Nous prions Dieu qu’il lui donne plus d’années dans la santé.» Bantama Show souhaite que ses enfants suivent son chemin. Parce que pour lui, «El Hadj Biro a façonné sa vie, construit sa vie. Il l’a construite de telle sorte qu’il n’appartient plus à sa famille, plutôt à toute la Guinée. Ses enfants doivent façonner leur vie et dire voilà ce que notre papa a fait, nous devons aller dans le même sens : unifier les Guinéens, se battre pour Mamou, unifier les fils de Mamou, unifier les fils de Guinée. C’est le seul héritage qu’El Hadj Biro nous laisse et que ses fils doivent être à la hauteur de poursuivre».

Le Maire, El Hadj Amadou Tidiane Diallo, est «réconforté d’avoir comme frère, El Hadj Biro, qui a été un exemple dans ce pays depuis la lutte pour l’indépendance de la Guinée. Il a été un des pionniers dans cette lutte jusqu’à l’obtention de l’indépendance. Il a été le premier à hisser le drapeau Guinéen à la place des martyrs de Mamou. Il a descendu le drapeau colonial, pour hisser le drapeau guinéen. C’est une fierté pour Mamou, pour la Guinée».

« Qu’on l’ait écouté ou pas, il a dit la vérité »

El Hadj Amadou Colon Barry, inspecteur régional des Affaires religieuses, pense qu’El Hadj Biro a au minimum 103 ans, quand on se réfère au compte islamique. Il est heureux de le voir toujours solide. « Il tient bien, il dialogue, on a blagué avec lui, il a béni tout le monde. C’est une chance inouïe. C’est un doyen qui a passé toute sa vie dans les normes, il a été toujours responsable, respectueux et respectable. Nous devons nous inspirer de son exemple. Il a vécu très utile pour le peuple de Guinée. Compagnon de l’indépendance, il a accompagné tous les pouvoirs en leur disant la vérité. Qu’on l’ait écouté ou pas, il a dit la vérité. Ce qui lui a valu des fois d’être mis à l’écart », a témoigné le religieux.

Souvenirs

Dr Alpha Amadou Diallo, fils, a plein de souvenirs : «Mon premier souvenir d’enfance de mon père, c’est sa bicyclette sur laquelle il me prenait pour aller enseigner à Boulbinet (Mamou), en 1960. Il y a formé tous les exclus du cours élémentaire à Mamou et les a préparés au certificat d’études primaires. L’autre souvenir, c’est à l’école normale de Dabadou. J’étais tout petit quand je le voyais monter et descendre avec les élèves-maîtres de l’époque qui sont devenus par la suite l’élite du pays. Tout le combat politique qu’il a mené, que ce soit à l’époque coloniale, celle de l’indépendance avec Sékou Touré et Lansana Conté, il a toujours prôné la justice et la vérité. Quand on lui demandait de nous laisser nous entendre avec Lansana Conté pour qu’il nous donne de l’argent, il nous répondait que ça ne nous servira à rien. Que nous devons travailler pour gagner notre vie. Je suis fier de lui et d’être Guinéen».

Hadja Kadiatou Diallo, la seule des deux épouses en vie, a partagé 73 ans de vie avec son mari. Mère de 8 sur les 17 enfants d’El Hadj Biro, elle se rappelle de leur séjour à Lélouma, Kankan, Télémilé, Kindia, Conakry. Actuellement, à Mamou, elle aussi toque à la porte de sa 90e année. «Dieu merci, nous sommes encore en vie. Je prie Dieu qu’Il vous bénisse et vous accorde une longue vie dans la santé».

Th Hassane Diallo,

Envoyé spécial