La Guinée regorge de très brillants esprits dans tous les domaines, mais elle semble manquer d’intellectuels en grand nombre. Intellectuels, non pas au sens de ceux qui ont tout simplement eu la chance d’aller à l’école occidentale, sont sortis de prestigieuses institutions de formation et bardés de diplômes à faire pâlir d’envie, mais celui de personnes qui réfléchissent sur les questions de la société, alertent, sensibilisent, éduquent, conscientisent, prennent position et proposent des solutions. C’est cette dernière catégorie de personnes qui manquent cruellement à notre pays.
Dans la communauté de ce qu’on appelle à tort ou à raison des intellectuels, il y en a qui préfèrent ne pas contrarier ou à contester, à défaut de chercher à plaire à tout prix. D’autres choisissent toujours de scruter la direction du vent pour se positionner conséquemment. D’autres en fin optent pour le silence pour ne pas voir « lyncher » par ceux que leurs opinions pourraient déranger. Pour ceux-ci, le silence est une sorte de bouclier, de rempart contre le courroux de ceux qui ne partageaient pas leurs opinions ou positions sur certaines questions.
Ceux qui osent s’exprimer malgré tous les risques, notamment les attaques personnelles dans les médias et sur les réseaux sociaux, ne sont pas nombreux.
L’écrivain Tierno Monenembo et l’ancien ministre Khalifa Gassama Diaby font partie de ces rares intellectuels qui prennent le « risque » de s’exprimer ouvertement sur les questions essentielles de la vie de la nation, que leurs positions plaisent ou déplaisent. Ils ne se soucient pas de savoir si leurs prises de position contrarient, dérangent ou créent des controverses ou polémiques.
Même si l’on n’est pas toujours en phase avec eux sur leurs opinions, il faut leur reconnaître cette indépendance d’esprit qui fait défaut chez bon nombre de personnes de leur stature ou de leur rang.
Qualifier Khalifa Gassama Diaby de «frustré» à cause de sa tribune sur la résurgence des coups d’État militaires et la conduite de la transition en Guinée, révèle tout simplement la pauvreté du débat sur des sujets pourtant fondamentaux.
Il est l’un des quelques guinéens qui ne sont mus que par la volonté de servir le pays. Il le fait avec détachement et désintéressement. Dans ce pays, l’on se connaît suffisamment pour savoir qui agit pour obtenir un poste de responsabilité et qui agit dans le cadre de la stricte défense des valeurs et principes.
Me Mohamed Traoré,
ancien Bâtonnier