La junte militaire au pouvoir avait promis de sévir notamment contre la corruption et les détournements de deniers publics. Alors que plusieurs cadres avaient été suspendus de leurs fonctions il y a quelques semaines, le Président de la Transition passe à la vitesse supérieure. Dans la nuit du 14 février, il a démis de leurs fonctions pas moins de sept cadres. Ils ont été limogés pour des faits présumés de détournements publics, de faux, usage de faux en écriture publique et de complicité pendants par devant la Cour de répression des Infractions Economiques et financières (CRIEF) et devant certaines juridictions d’instance.
Ce sont, entre autres, Mamadou Diouldé Diallo, Directeur général de la Société des Eaux de Guinée (SEG). Dr. Moussa Konaté, Inspecteur général de la Santé, ancien Directeur général patron de la Pharmacie centrale de Guinée (PCG), Condé Marie Touré, Directrice générale de l’Agence nationale de la Salubrité publique (ANSP). Dr. Sandi Kola Tolno, Directeur général de l’hôpital de l’Amitié Sino-guinéenne, Amadou Sébhory Touré, Directeur général du Fonds de Sauvegarde de l’Environnement (FSE). Moussa Kéita Kabassan, Directeur général de l’Agence nationale de contrôle sanitaire des produits de pêche et de l’aquaculture et Seydouba Sacko, Maire de la commune de Matam.
Dans cette affaire, certains sont déjà écroués à la Maison centrale de Conakry. C’est le cas de Mamadou Diouldé Diallo de la SEG. Il aurait tenté de sortir du territoire, malgré le fait qu’il soit sous contrôle judiciaire. Il croupit en prison avec son comptable.
En ce qui concerne le Maire de la commune de Matam, bien de citoyens se demandent comment un élu local peut être limogé par décret. Face au tollé, le ministère de l’Administration du territoire a tenté d’apporter des clarifications. Selon lui, l’article 143 du Code révisé des Collectivités locales donne la latitude aux autorités de limoger un exécutif communal : « Les membres de l’exécutif d’une Commune peuvent être suspendus par Arrêté du ministre en charge des communes lorsque leur négligence à accomplir leurs fonctions a été dument constatée. La durée de la suspension ne peut excéder trois mois ».
Le ministère rappelle que le maire de la commune de Matam «a été entendu par la CRIEF avant d’être limogé comme tous les présumés. Ceci dit, la procédure a été respectée dans ses formes ». Faux, rétorquent les proches de Seydouba Sacko : «On ne lui a pas notifié les raisons de son limogeage. Il est à la maison, attend tranquillement qu’on lui fasse appel. Nous nous sommes renseignés auprès de l’Inspection d’Etat, ils ont dit qu’il est accusé d’un détournement de 82 millions de Francs guinéens. Mais est-ce que cela relève de la CRIEF ? Et ce montant a été justifié. C’est un don fait aux femmes de Matam dans le cadre de la saponification. La remise officielle a été faite devant tout le monde. Le ministre dit que le maire a été entendu par la CRIEF, ce n’est pas vrai. Cette Cour peut entendre quelqu’un à cause de 82 millions ? Ce sont des histoires, mais le maire reste serein ».
En attendant, Seydouba Sacko dont annonçait l’arrestation dans la matinée du mardi 15 février, se la coule douce à son domicile.
Yacine Diallo