Cette année la journée internationale des droits de la femme n’a pas été célébrée par toutes les Guinéennes. Des associations de nounous, des ménagères surtout, ont évoqué leurs souffrances au quotidien, plutôt que d’aller à l’esplanade du Palais du peuple, pour chanter et danser.
Comme dans les années précédentes, le 8 mars 2022 s’est déroulé dans une atmosphère morose. Habituellement, des associations de nounous réunissent des femmes parées d’uniformes, invitent chanteurs et musiciens, pour exprimer leur joie.
Parmi elles, l’association nationale des vendeuses de poissons fumés. Elles n’étaient pas au Palais du peuple. «Cette année, il y a une différence sur la façon de célébrer le 8 Mars en Guinée. Habituellement, on distribuait des pagnes uniformes à toutes les associations de femmes. Mais cette année, ça n’a pas été le cas, certaines associations ont été servies, d’autres ont été mises à l’écart. Sous Alpha Condé, les leaders des mouvements de femmes étaient toutes conviées à une réunion au Gouvernorat ou au Palais du peuple, pour parler des préparatifs de la journée. » Et de faire un clin d’œil au colonel Doum-bouillant : «Dans un pays, pour avoir le bonheur, il faut rendre les femmes heureuses, montrer aux femmes que c’est pour leur cause que tu travailles. Donc, Colonel Mamadi Doumbouya doit penser aux Guinéennes», lance dame Kadiatou Condé, prési de l’Association nationale des femmes vendeuses de poissons fumés.
Au marché du Km36, les ménagères et vendeuses vaquent tranquillement à leurs activités, quoique d’autres chantaient et dansaient au Palais du peuple. Pour ces nounous, le 8 mars 2022 aurait dû être dédiée à la dénonciation qu’aux pas de danse. Kadiatou Sow, ménagère, est l’une d’elles. « Aujourd’hui, l’heure n’est pas à la danse, l’heure n’est à la mamaya, parce que nous les femmes, nous souffrons de plusieurs maux, auxquels nous faisons face tous les jours. Au lieu de danser ou de porter des uniformes, toutes les femmes devraient prendre des paniers, faire des marches, pour interpeller les nouvelles autorités sur la cherté du panier de la ménagère. » Et toc !
Chez les vendeuses, c’est le même son de cloche. Elles ne sont pas d’humeur à célébrer cette journée internationale. « Ça ne va pas physiquement et moralement. On ne peut pas fêter alors qu’à la maison, ça ne va pas. Il y a des choses qui doivent être la préoccupation des femmes plus que cette fête… », clame Bountouraby Bah, visiblement angoissée par la cherté des denrées de première nécessité. Woïka !
Bountouraby Simakan