Voici donc un peuple incapable de résoudre la question fatidique des couveuses ; un peuple peu surexcité quand des dialysés agonisent et trépassent dans nos mouroirs faute de soins ; un peuple sans noyau, éternellement enclin à la violence, friand de bassesses, érigeant en sport national le déversement de sa bile !

Voici donc un pays où un être humain peut brûler vif, sur la place publique, en plein jour, sans que les premières combustions de ses membres ne déclenchent un seul réflexe humain !

Pays d’épidermiques, de paresseux, où médiocrités, vols et mensonges sont moins condamnables que la nuit de noces d’Esther et Zacharie ;

Un pays où le meurtre, l’assassinat, le viol, fût-ce d’un bébé, sont moins alarmant que l’union de deux êtres.

Un peuple éternellement prêt à brandir son Coran et sa Bible, ses traditions africaines et son « respect des parents », pour freiner, humilier, ostraciser et anéantir…

Voici donc notre pays sens dessus dessous. Mais, ce n’est pas le manque d’eau, de routes, d’hôpitaux ou d’écoles qui émeut. Sous nos cieux, quand tout s’arrête et que jeunes et adultes déversent le contenu de leurs boites crâniennes, c’est souvent pour condamner avec la dernière énergie un acte relevant de la sphère privée ; pour s’enivrer de frivolité et de petites choses légères.  

Nous sommes passés ceinture noir septième dan en stigmatisation ; hypocrisie légendaire : on stigmatise la goutte d’eau et on plonge dans l’océan.  

Le mariage d’untel et d’unetelle ne devrait en aucun cas entrainer des bisbilles à l’échelle nationale, car ce pays ne manque vraiment pas de sujets centraux.

Que d’aucuns s’estiment investis d’une mission divine n’est point surprenant. Il ne faut point s’étonner que l’ivrogne, le voleur, l’usurier, le fielleux s’érigent en donneur de leçon, qu’ils visent des textes sacrés pour fonder ses prétentions.

Cette affaire de Zacharie et d’Ester ressemble à celle de Fantadjan et de Michel, qui ressemble à celle de Assiatou et de Facély, qui ressemble à celle de Binta et de Pierre. Voilà l’un des maux de notre société… la haine gratuite de tout ce qui est différent. Une société qui voit la différence comme une menace, un prétexte à des rivalités stériles, un alibi pour aiguiser son animosité.

Ayons alors honte de pleurnicher, éternels quémandeurs, quand des européens ou des arabes ont moins de considération pour nous que pour leurs animaux de compagnie. Nous sommes en fait leurs maîtres en la matière et ils n’en ont point à rougir.

Demain, le soleil se lèvera. Tant qu’un mariage ne l’empêchera pas de se coucher, chacun devrait s’occuper de ses oignons.

Vive tous les mariés d’ici et d’ailleurs !

Mambi