Depuis l’interpellation musclée des leaders du FNDC hier mardi 5 juillet, l’autoroute Leprince est en proie à de violents affrontements entre jeunes en colère et farces de l’ordre. La situation reste explosive en cette matinée du 6 juin.

L’Axe Leprince renoue avec la violence. Pour, disent-ils, protester contre les interpellations mouvementées de Fonkié Menguè, coordinateur national du Front national pour la défense de la Constitution, Billo Bah et l’art-triste Djanii Alfa, les jeunes de l’Axe sont dans la rue depuis la soirée du 5 juillet. Tout a commencé vers la soirée du mardi 5 juillet, quand l’arrestation de ces influents activistes s’est répandue dans la cité comme une trainée de poudre. Ne digérant pas la façon humiliante et dégradante de ces interpellations, des jeunes ont pris d’assaut les rues. Les quartiers : Hamdallaye, Bambéto, Koloma, Cosa, Wanindara, excusez du peu, se sont embrasés en un claquement de doigts. Les farces de l’ordre se sont affrontées avec les manifestants toute la soirée. Jets de pierres contre gaz lacrymogène, pneus brûlés dans plusieurs zones et courses-poursuites dans les quartiers.

La situation a continué jusque tard la nuit. Mais les jeunes n’ont pas abdiqué. Au contraire ! La contestation a gagné d’autres quartiers, notamment Sonfonia et Cimenterie. Dans la matinée de ce 6 juillet, les manifestants régnaient en maitres absolus des lieux dans plusieurs quartiers sur l’Axe Leprince. Dans les quartiers de la Cimenterie-T8, à la T7, à Koloma-marché, flics et pandores ont carrément pris les jambes à leurs cous, laissant les manifestants imposer leur dictat. A Wanindara, Cosa, Bambéto et Hamdallaye, farces de l’ordre, en petit nombre et souvent mises en difficulté, s’affrontent avec des contestataires, déterminés à en découdre. La tension est à son comble. Dans ces zones, inutile de dire que les commerces sont fermés, la circulation coupée.

Des manifestants à la Transversale N°8 (T8), quartier Cimenterie, 6 juillet 2022

Le FNDC se retire du processus du dialogue

Oumar Sylla alias Foniké Menguè et ses codétenus sont toujours en garde à vue à la Direction centrale de la police judiciaire, sise à Kaloum. Ils pourraient être déférés devant le procureur dans la journée de ce mercredi 6 juillet, pour connaitre la suite à donner à la procédure. En attendant, le FNDC est décidé à mener la vie dure au CNRD pour obtenir leur libération. Outre la reprise prochaine des manifestations de rue, le Front sort de toutes les instances de dialogue avec la junte jusqu’à nouvel ordre : « Par ma voix, le FNDC annonce le retrait de l’organisation du dialogue politique. Nous allons désormais nous consacrer à l’intensification des manifestations de rue pour un retour à l’ordre constitutionnel », déclare Ibrahima Diallo, responsable des opérations du FNDC.

L’ANAD consternée

Les images humiliantes de l’arrestation des activistes du FNDC ont suscité une grosse indignation, notamment chez les politiques. Dans la matinée de ce 6 juillet, l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique, ANAD, a exprimé sa consternation. Elle exige la « libération immédiate et sans conditions du coordinateur du FNDC et ses collaborateurs. Cette coalition soupçonne le CNRD de se livrer à une telle « brutalité qui parait gratuite sinon inutile, une volonté de créer les conditions d’un blocage politique pour retarder le retour à l’ordre constitutionnel ». Elle invite la CEDEAO à s’impliquer pour apporter « apaisement et sérénité au contexte du dialogue qui doit se dérouler sous les auspices de son facilitateur ». L’ANAD jure que le combat du FNDC « est aussi son combat. C’est pourquoi, elle demande à ses militants et militantes, à toutes les autres forces démocratiques du pays de se tenir prêts pour se mobiliser ensemble, le moment venu, contre la volonté de la junte de confisquer nos droits et libertés pour retarder la restauration de l’ordre constitutionnel ». Ça va barder !

Yacine Diallo