A l’occasion de la journée de manifestation du 17 août organisée par le Front national pour la défense de la Constitution, FNDC, le Prési de la Transition, Mamadi Doum-bouillant, a fait une parade sur la route Leprince, épicentre de la contestation de la gestion unilatérale de la transition par le CNRD. «Des soutiens convaincus ou de circonstances de la junte militaire y voient un acte de bravoure et font preuve d’un triomphalisme qui ne dit pas son nom. Mais il faut que ces derniers arrêtent de tromper le “Parrain O+” ou le “Soleil” », écrit Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier, conseiller au CNT. Selon lui, ce safari du Prési du CNRD n’est pas un « acte de bravoure ou d’héroïsme», avec des arguments. Pour l’avocat, le Doum-bouillant devrait plutôt contribuer à l’apaisement. Lisez plutôt !

« Quand on a sa disposition le Groupement des Forces Spéciales et toutes les autres unités des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) avec tous les moyens et équipements mis à leur disposition par le contribuable guinéen, et face à des citoyens désarmés, ou qui n’ont tout au plus, que des cailloux, on peut parader partout dans le pays sans aucun risque.

C’est très loin d’être un acte de bravoure ou d’héroïsme. Dans les conditions normales, il peut et doit, en tant que Président de la République en cette période de transition, se rendre partout en Guinée. Ce qui suscite des interrogations, c’est que des thuriféraires pensent que le fait qu’il se soit rendu ce 17 août dans une zone considérée comme acquise à l’opposition, est un exploit. Et même en tant de crise, il peut se rendre partout en Guinée avec toute cette armada et tout cet arsenal à sa disposition. La Guinée n’est pas un pays en guerre.

Il faut demander au Colonel Assimi Goïta, chef de la junte militaire malienne, s’il peut parader au Nord du Mali avec toute sa garde et même toute l’armée du Mali. Il est au pouvoir depuis plusieurs mois. Mais il ne s’est jamais rendu dans cette zone qui est pourtant une partie du Mali. Et pour cause. Si une bonne partie du territoire malien échappe aujourd’hui au contrôle de Bamako, c’est parce que des Maliens établis dans cette zone sont autant sinon plus armés que l’Armée malienne. Nous devons donc faire beaucoup attention.

Nous devons tous, quelles que soient nos positions, contribuer à l’apaisement et encourager l’organisation du véritable dialogue tant demandé par la classe politique et la vraie société civile.

Les membres connus ou inconnus du CNRD n’ont pas le monopole du patriotisme ou l’exclusivité de l’amour de la Guinée. Il faut qu’ils approchent et écoutent tout le monde. C’est la seule condition pour sortir notre pays de cette situation que personne ne souhaitait vraiment après le 5 septembre 2021, date de la chute d’Alpha Condé.

Il faut surtout se garder de faire croire à la junte militaire que tout est désormais acquis parce que toutes les voies dissonantes ont été réduites au silence. Lorsqu’Alpha Condé croyait avoir réussi son coup d’État constitutionnel du 22 mars 2020, il ne pouvait peut-être pas imaginer que le 5 septembre allait arriver.

Alors un peu de retenue et moins d’arrogance. »

Me Mohamed Traoré