NEW-YORK- Un rapport inédit a été présenté le 10 janvier dernier devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, par Mme Giovanie Biha, représentante spéciale adjointe du Secrétaire général et Chef par intérim du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Il présente un aperçu global des développements et des tendances enregistrés en Afrique de l’Ouest et au Sahel pour la période du 23 juin au 30 décembre 2022.

En ce qui concerne la Guinée, elle évoque tout ce qui est lié à la conduite de la transition en cours : dialogue, contenu et durée de la transition, restriction des libertés, poursuites judiciaires, désaccords entre les autorités et les principaux partis politiques.

Le moins que l’on puisse dire est que le regard de la cheffe de l’ONU en Afrique de l’Ouest sur les points cités ci-haut est très critique. Pour ce concerne le dialogue, elle parle de tentatives restées inefficaces en raison d’un manque de confiance entre les parties. Pire, le rapport indique que les poursuites judiciaires engagées contre des personnalités de l’opposition sont politiquement motivées.

« En Guinée, des désaccords prolongés sur le contenu et la durée de la transition a creusé les divisions entre les autorités et les principaux acteurs politiques et acteurs de la société. Les tentatives de dialogue entreprises par le gouvernement sont restées inefficaces, en raison d’un manque de confiance entre les parties, aggravé par des allégations d’actions judiciaires politiquement motivées ciblant la société civile et les personnalités de l’opposition. »

La Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général et Chef par intérim du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel rappelle aussi qu’en début août (2022), les autorités ont dissous le Front national pour la défense de la Constitution, une plate-forme de partis politiques, de syndicats et d’acteurs de la société civile, qui a organisé plusieurs manifestations au cours de la période considérée pour exiger un processus de transition en temps opportun. Madame Giovanie BIHA souligne par ailleurs qu’au cours de ces manifestations, au moins 12 civils ont été tués.

La diplomate note que le Représentant spécial de l’ONU a consulté les responsables politiques parties prenantes et partenaires externes pour faciliter un dialogue constructif entre les autorités de transition et la CEDEAO sur les délais de retour à l’ordre Constitutionnel.

« L’UNOWAS a également fourni un appui au Médiateur désigné par la CEDEAO pour la Guinée, l’ancien président du Bénin, Thomas Boni Yayi, notamment en facilitant son déploiement à Bissau le 13 octobre pour discussions avec le Président de l’Autorité de la CEDEAO sur la situation en Guinée. La consultation a abouti au déploiement d’une mission technique par la CEDEAO en Guinée du 16 au 21 octobre, qui a conclu un accord préliminaire avec les autorités guinéennes sur une transition de 24 mois. L’accord préalable a ensuite été approuvé par l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO à sa 62e session ordinaire. »

Préoccupée par « les restrictions croissantes des libertés civiles, y compris l’interdiction de manifestations pacifiques et la détention d’opposants politiques dans certains contextes », elle exhorte les autorités nationales à promouvoir et à protéger pleinement les droits de l’homme et l’état de droit, qui sont essentiels à la fois dans les démocraties qui fonctionnent et dans les processus de transition.

Réitérant l’engagement et la volonté de l’ONU d’accompagner les efforts régionaux vers le renforcement de la gouvernance démocratique, de la paix, de la sécurité et du développement durable développement dans la sous-région, Mme BIHA a déclaré qu’elle reste préoccupée par l’impact politique, sécuritaire, économique et social des changements anticonstitutionnels de gouvernement sur la stabilité de la sous-région. « Je salue les efforts de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO en vue d’un rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel et prendre note des accords conclus entre la CEDEAO et les autorités de transition respectives à cette fin », assurant de l’engagement actif et continu de l’ONU « dans le mécanisme de suivi et d’évaluation convenu entre le Burkina Faso et la CEDEAO, et dans l’opérationnalisation du calendrier de transition en Guinée ».

S K