Le procès des présumés bourreaux de M’Mah Sylla a repris ce 25 janvier au TPI de Mafanco. L’accusé, Dr. Sébory Cissé a été entendu sur les témoignages accablants des responsables de la Chirurgie générale du CHU Ignace Deen.
A l’audience du 11 janvier, les professeurs Aboubacar Touré et Houssein Fofana, en service à la chirurgie générale du CHU d’Ignace Deen, ont été interrogés sur l’état de santé de feue M’Mah Sylla quand elle arrivait dans leur service, ses conditions d’hospitalisation et sur celles de son évacuation en Tunisie. Les deux avaient fait des témoignages qui démentissent Dr Sébory Cissé, l’accusé qui aurait tenté, dans sa clinique de Dabompa, de réparer les graves fistules de la défunte, causées par les multiples tentatives d’interruption de sa grossesse. Les deux professeurs avaient non seulement assuré que les organes génitaux de M’Mah Sylla étaient « intacts » (version contraire à celle de Sébory Cissé qui disait qu’ils étaient pleins de lésions), mais ils avaient aussi mis en cause ses compétences de chirurgien. Dr Sébory Cissé balaie du revers de la main leurs déclarations. Il les accuse plutôt de cacher ce qui se serait réellement passé à Ignace Deen : «Professeur Houssein Fofana a lui-même dit ici qu’il n’a pas eu le temps de travailler en profondeur. Alors, comment peut-il affirmer que l’utérus de M’Mah Sylla était intact. Même si c’était le cas, c’est parce que je l’avais déjà réparé». Pr. Houssein Fofana dit n’avoir pas pu bien travailler pendant la première intervention chirurgicale, parce qu’il manquait de moyens : « Nous avons juste nettoyé et fermé quelques lésions », déclarait-il. Faux, selon Sébory Cissé : «Patrice Lamah et Célestin Millimono (deux autres accusés, ndlr) ont payé 5 millions de francs guinéens» pour l’intervention du Pr Houssein Fofana.
Bloc opératoire inapproprié ?
Dr Cissé a aussi en travers de la gorge les déclarations selon lesquelles sa clinique a été clandestinement installée, que le bloc opératoire ne disposait pas de tout le matériel nécessaire pour une intervention chirurgicale. Le rapport de l’Inspection de l’Ordre des avocats en ferait foi : «J’ai été surpris d’entendre que même des gens logeaient dans ma clinique. Ce sont des contre-vérités». Sébory Cissé jure, la main sur le palpitant, avoir fait «correctement » son travail. Le ministère public de lui rappeler que c’est lui, à bout de souffle, qui avait pourtant demandé aux proches de la défunte de faire un sacrifice : «Chose contraire à la déontologie médicale ». Dr Cissé pointe du doigt son coaccusé Célestin Millimono (en fuite) : «Oui, je l’ai fait à la demande de Célestin. Il y avait de la tension entre eux et la famille ».
La maman de M’Mah Sylla attendue à la barre
Patrice Lamah, accusé d’être le premier à abuser de la victime, s’est attaché les services d’un nouvel avocat. Ce dernier s’est pointé avec le «témoignage de la mère de M’Mah Sylla », transcrit par un huissier de justice. «Nous souhaiterions verser ce procès-verbal aux dossiers de la procédure ». Me Labila Michel Sonomou chercherait, à travers Fatoumata Korka Koulibaly, à accréditer la thèse selon laquelle M’Mah Sylla était la petite amie de son client et que ce dernier ne l’aurait jamais violée Le parquet et la partie civile opposent un niet catégorique : «Qu’est-ce sa comparution va apporter, d’autant plus qu’elle n’était pas régulière au chevet de sa fille ?», clame le procureur. Le père de M’Mah Sylla de renchérir : «Elle ne connait rien de cette affaire. Elle est allée voir ma fille la première fois chez docteur Sébory Cissé».
Le juge a déclaré irrecevable le PV et a renvoyé l’affaire au 8 février prochain, pour la comparution de la maman de la défunte. Suivront ensuite les plaidoiries et réquisitions.
Yacine Diallo