Le Maroc avait-il le meilleur dossier pour 2025 ? Le Sénégal s’est-il vraiment fait doubler ? Le trio Kenya-Ouganda-Tanzanie sera-t-il prêt dans moins de 40 mois ? Au lendemain de l’annonce des pays hôtes pour les éditions 2025 et 2027, voici trois interrogations au sujet de ces attributions.

La CAN 2025 pouvait-elle échapper au Maroc ?

Assurément non ! Il aurait été difficile de trouver des raisons de ne pas attribuer la CAN 2025 au pays des Lions de l’Atlas. L’Algérie, le seul pays qui pouvait rivaliser de dossier avec le Maroc, a battu en retraite à quelques heures de l’annonce, actant quasiment le choix de la CAF sur le royaume chérifien.

Le Maroc a été choisi parce qu’il est presque prêt sur tous les plans (infrastructures, logistique) et offre des garanties aussi sur l’assurance de disputer (sans risque) la compétition en juillet, comme le prévoit le calendrier de la CAF. Le football marocain a aussi le vent en poupe avec cette quatrième place au dernier mondial pour les hommes, également premiers au classement FIFA  pour le continent africain, et la qualification historique des femmes en huitièmes de finale à la dernière Coupe du monde également. Que de chemin parcouru depuis bientôt dix ans ; car en 2015, Maroc avait été désigné pour la CAN avant qu’il ne demande un report à cause de la propagation du virus Ebola. La CAF avait décidé de lui retirer la compétition et de disqualifier l’équipe de la compétition. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et aujourd’hui, au-delà de l’influence de Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football, et 4e vice-président de la CAF, le Maroc constitue une belle vitrine pour le foot africain. Donner la CAN 2025, c’est aussi, « soutenir le Maroc dans sa candidature à la Coupe du monde 2030 », a d’ailleurs avoué le président de la CAF, Patrice Motsepe.

Pourquoi le Sénégal a raté 2027

Le pays des champions d’Afrique en titre rêvait d’accueillir la Coupe d’Afrique des nations, 35 ans après sa seule organisation en 1992. Mais le Sénégal qui possède en Augustin Senghor, président de Fédération sénégalaise de football et premier vice-président de la CAF, un réel atout au sein de l’instance du foot africain, a dû déchanter.

« On s’attendait à être choisi, notre dossier était très solide », regrette, le porte-parole de la Fédération sénégalaise de football, Seydou Sané. « La candidature du Sénégal était incroyable, très impressionnante », a même renchéri Patrice Motsepe. Mais malgré la présentation élogieuse mercredi du porte-parole du gouvernement sénégalais, Abdou Karim Fofana qui a vanté le dossier, des réserves ont accompagné la candidature du Sénégal que beaucoup ont jugé « mal préparée ».

Parce que le pays ne dispose en ce moment que d’un seul stade homologué, Abdoulaye-Wade de Diamniadio, certes de niveau mondial. D’autres infrastructures pourront être utilisées, mais auront besoin de grande rénovation et/ou d’agrandissement en trois ans. Le réceptif hôtelier, bien présent à Dakar et à Mbour, ne donne pas non plus des garanties dans les autres villes qui pourraient accueillir la CAN. Enfin, l’incertitude qui entoure les élections présidentielles de février prochain était également de nature à affaiblir la candidature du pays des Lions. Le futur-ex-président Macky Sall a beaucoup accompagné le football sénégalais ces dernières, mais qu’en sera-t-il de son successeur ?

L’Afrique de l’Est sera-t-elle prête dans moins de quatre ans ?

Après avoir obtenu l’organisation de la CAN 2027, le trio Kenya-Ouganda-Tanzanie est face à un immense défi : être prêt dans moins de quatre ans. Pour l’heure, en juin dernier, lors du dernier décompte de la CAF des stades homologués, seule la Tanzanie disposait d’une enceinte « valable » parmi les trois pays, le Benjamin-Mkapa de Dar-es-Salaam.

« L’un des objectifs-clé est que la décision qui a été prise aujourd’hui » favorise « le développement des infrastructures et des stades », a expliqué mercredi le président de la CAF, Patrice Motsepe, lors de la désignation des trois pays.

D’ici juillet 2027, chacun des trois pays devra disposer a minima de deux stades aux normes érigés par la CAF. L’Ouganda dispute souvent ses matches internationaux au stade Nelson-Mandela ou Namboole (Kampala), il lui faudra construire un nouveau stade ou agrandir une enceinte comme celle de Lugogo Stadium (10 000 places). Le Kenya, également, va devoir investir et cela passera forcément par une grande rénovation des stades Kasarini et Nyayo non homologués par la CAF. Près de 50 ans après le retour de la CAN en Afrique de l’Est, il est maintenant temps de passer du rêve « à la réalité », comme l’a lancé le président de la Fédération kényane de football, Nick Mwendwa.

RFI