Amadou Dama-ronron Cas-marrant était de nouveau devant la Cour de répression des infractions économiques et financières le 11 janvier, pour la suite de son procès. Il a répondu aux questions de l’avocat de l’Etat.

L’ancien président de l’Assemblée nationale, accusé de « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans le secteur public et privé, prise illégale d’intérêts et complicité», avec ses ex collaborateurs Michel Kamano et Zeinab Camara, ainsi que l’entrepreneur Jim Sun Cheng, n’entend pas courber l’échine. Amadou Damaro Camara entend démontrer son « innocence  » et sa « bonne foi » dans l’affaire des 15 milliards de francs guinéens dont il est soupçonné d’avoir détourné pendant la 9e législature. L’audience a tourné principalement autour des 1 milliard 800 millions de francs guinéens, 350 millions de la société EDG et des 750 millions de la SEG que le prévenu aurait dépensés pour viabiliser le site devant abriter le nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma. Amadou Dama-ronron s’est une nouvelle fois évertué à convaincre la Cour que ces montants incriminés n’ont aucunement été détournés. Il accuse l’avocat de la partie civile de faire dans la confusion : « Vos questions découlent de la confusion que vous faites autour de l’exécution du budget de l’Assemblée nationale. Le budget est attribué par rubriques et par trésorerie. Sur l’affaire des 15 milliards, j’ai parfaitement dépensé l’argent, et avec bonne foi ». Il explique avoir fait dépenser les 9 milliards incriminés avant que la subvention accordée à l’Assemblée nationale ne tombe : « J’ai payé une partie en 2020, alors que les 15 milliards sont tombés en juillet 2021, deux mois donc avant le coup d’Etat ».

L’avocat de l’Etat, Me Amadou Camara, de faire remarquer au prévenu qu’il a violé l’article 14 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, en distribuant des marchés de gré-à-gré : « A défaut de preuves, vous êtes à la recherche d’alibis, il y a plusieurs façons d’attribuer les marchés… On voit actuellement des marchés de gré-à-gré de plusieurs millions de dollars, mais cela n’intéresse ni le parquet spécial ni l’Agent judiciaire de l’Etat », rétorque Damaro. L’avocat affirme l’ex président de l’Assemblée nationale a pris les 1 milliard 800 millions de francs guinéens payés à la société Castor de Kim pour la viabilisation du site de Koloma dans le budget de fonctionnement. Damaro dément : « Ce montant a été pris dans mon budget de souveraineté. Vous devriez plutôt me féliciter, parce que j’ai évité à la Guinée de perdre 40 millions de dollars américains à cause de 200 000 dollars ». Il précise tout de même qu’à l’Assemblée nationale, tous « les fonds viennent du budget de fonctionnement ». L’affaire est renvoyée au 25 janvier prochain pour les plaidoiries et réquisitions. 

Michel Kamano ne se présente plus

Dans cette procédure, Dama-ronron est poursuivi au même titre que son premier questeur, Michel Kamano. Ce dernier, malade, bénéficie d’une autorisation de sortie du territoire pour se soigner. Depuis, il ne se pointe plus. Il séjournerait toujours à l’extérieur du pays. Cela dérange la partie civile et la Cour : « C’est une missive que son avocat a adressée à la Cour, pas un acte. La Cour prendra la décision qui s’impose au moment venu, parce qu’il a violé la convention », assure le juge, Francis Kova Zoumanigui. L’avocat de Michel Kamano aurait informé que son client poursuivrait son traitement à l’étranger jusqu’en mars prochain. La décision dans cette affaire risque donc de tomber en son absence.

Yacine Diallo