Le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, Félix Lamah, en mission de travail dans la région de la Guinée forestière a déclaré, le 28 avril, que deux lois seront bientôt promulguées par le président de la Transition, pour régir les relations entre agriculteurs et éleveurs.
En Guinée, les conflits entre agriculteurs et éleveurs se sont amplifiés ces dernières années, notamment dans la région forestière, précisément Lola (Lainé, Guéasso et Foumbadou). Les derniers affrontements à Lainé ont fait au moins trois morts, des dégâts matériels estimés à plus de 300 millions de francs guinéens. Au moins 71 personnes, dont des femmes et des mineurs, ont été emprisonnées, selon un rapport du Comité de crise sur les zébus récemment en conférence de presse, à Conakry.
D’où l’urgence de réglementer les secteurs agricole et d’élevage. D’ores et déjà, la Loi d’orientation agricole et le Code pastoral ont été adoptés par le CNT (Conseil national de la transition) le 7 février dernier. Le texte de 13 titres, 49 chapitres et 236 articles, vient remettre de l’ordre dans les rapports souvent difficiles entre les acteurs (agriculteurs et éleveurs). Et par ricochet préserver les emplois et promouvoir la souveraineté alimentaire, en assainissant le climat des affaires.
Chevauchement des périodes de divagation et de production
Le Code pastoral contribuera à doter le secteur de l’élevage guinéen d’un cadre juridique approprié, de nature à lui conférer une plus grande sécurité et à favoriser son développement par une gestion plus rationnelle des espaces pastoraux et une meilleure intégration de l’agriculture. Cela permettra à la Guinée de surmonter les conflits entre agriculteurs et éleveurs et autres utilisateurs des ressources naturelles mais aussi à préserver l’environnement, indique un rapport du CNT.
Selon l’ancien ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, Mamoudou Nagnalen Barry, les lois jusque-là en vigueur accordent une importante liberté aux éleveurs : « Avant, la loi qui est donc en vigueur permet aux éleveurs de divaguer leurs animaux pendant plusieurs mois de l’année. Et c’est là la source des problèmes. Il y a aujourd’hui une certaine simultanéité entre la période de divagation et la période de production agricole. »
Une promulgation qui se fait attendre
La promulgation des deux nouvelles lois pourrait permettre de juguler le conflit entre agriculteurs et éleveurs dans le pays, surtout en région forestière. Un conflit qui dure depuis une dizaine d’années. L’ex-ministre de l’Agriculture et de l’Élevage espérait qu’une fois promulguées par le président de la transition, ces deux lois offriront la possibilité de résoudre durablement la crise. Il parle d’une époque « cruciale pour faciliter la cohabitation entre les éleveurs et les agriculteurs dans la région. »
Rien que pour l’année 2024, l’ancien ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, a autorisé l’entrée de 360 000 zébus en Haute Guinée et en Guinée forestière. Selon Félix Lamah, la promulgation de la Loi d’orientation agricole et le Code pastoral permettront de réguler les questions de transhumance et d’offrir un cadre harmonieux aux bouviers et fermiers. Mais voter des textes est une chose, les appliquer en est une autre.
Abdoulaye Bah