La succession du père par le fils au Tchad en violation de la constitution avait donné des idées sur le continent. Particulièrement en Afrique francophone où les observateurs ont déploré le deux poids deux mesures entre les militaires maliens et tchadiens. Pendant que les premiers étaient soumis à de terribles pressions, les seconds ont obtenu le quitus de la France après le débile coup d’Etat de Deby contre les institutions tchadiennes.
Assurément, le Tchad n’a pas fini de donner un mauvais exemple au continent. La candidature et la victoire du président de la transition à la dernière présidentielle pourraient faire boule de neige. Déjà au Mali le énième dialogue national, taillé sur mesure, a donné le ton. « Les Maliens demandent la prolongation de la transition jusqu’en 2027. Mais aussi la candidature du chef de la junte ». Le tour est joué. Le dialogue n’avait d’autre objectif que de renvoyer le retour à l’ordre constitutionnel aux calendes grecques.
Avant cette proposition, d’autres avaient préconisé que la transition se poursuive « jusqu’à la fin la crise ». Or, si le départ des militaires du pouvoir est conditionné par la fin de la crise, il est fort à parier que celle-ci aura de beaux jours devant elle. Mais Assimi Goïta aurait dû faire l’économie d’un précédent avec une transition qui dure plus qu’un mandat en se proclamant tout simplement « Nouveau roi du Mali ».
En attendant le couronnement de ce roi, ce qui s’est passé à Bamako aura indéniablement un impact sur le Burkina Faso, le Niger et la Guinée. Dans ce dernier pays, le respect du chronogramme convenu avec la CEDEAO n’engage désormais que ceux qui y croient. Le Premier ministre a déjà préparé les esprits pour le grand secret de polichinelle. Avec la rhétorique qu’il faut éviter de bâcler la transition comme les précédentes. Avant lui, d’autres nous avaient dit qu’il faut doter la Guinée d’une constitution qui résiste au temps et à la tentation des hommes.
Tous ces discours n’ont d’autres objectifs que de faire avaler la pilule de prolongation aux Guinéens. Le PM met l’accent sur la nécessité de procéder au recensement général de la population. Estimant, comme ceux qui ont défendu ce projet avant lui, que cette opération constitue la seule garantie d’obtenir un fichier électoral fiable et viable. C’est donc un point non négociable pour le nouveau pouvoir. Or plus sa mise en œuvre retarde plus la transition se prolonge.
Mais il n’y a pas que le recensement qui retarde le retour à l’ordre constitutionnel. La fameuse constitution, qui « résiste au temps et à la tentation », est toujours attendue. Annoncée pour le mois de mars dernier, la publication de cette loi semble être un second souci. Même si la rue meurt estime qu’elle est déjà prête, taillée sur mesure.
Peut-être que ce texte attendait de savoir ce qui s’est passé au Mali pour apporter les corrections nécessaires. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas exclu que la Guinée organise un nouveau dialogue. Avec comme excuse que les premiers n’étaient pas inclusifs. D’ici là, on aura préparé les opposants le matin et partisans le soir, afin qu’ils réclament, à l’unanimité, la prolongation de notre transition.
Habib Yembering Diallo