Le 20 décembre à Koloma, la Radiodiffusion Télévision Guinéenne, RTG, a accueilli la cérémonie de pose de la première pierre du projet de Télévision numérique terrestre, TNT. Une initiative du ministère de l’Information et de la Communication en partenariat avec Thomson-Broadcast de France. Au finish, la Guinée franchira une étape dans son engagement envers l’Union internationale des télécommunications, UIT, pour la migration de l’analogique au numérique.

La transition vers la TNT vise à transformer l’accès à la télé-bidon grâce à des infrastructures modernes améliorant la qualité de l’info et ouvrant de nouvelles opportunités économiques, notamment dans le secteur de l’emploi. Ce projet « stratégique » du goubernement se voudrait un levier, pour propulser les sévices audiovisuels du bled vers la modernité.

La cérémonie de pose de la première pierre a connu la présence de nombreuses personnalités, dont le Premier des ministres, Amadéus Bah Oury, les ministres Fana Sous-mât de l’Information et de la complication et Ismaël Nabé du Plan et de la Coopération internationale, des représentants de la Haute Autorité de la Communication, HAC, l’ambassadeur de France en Guinée, Luc Briard, des délégués de Thomson-Broadcast, des ex ministres guinéens de la Com.

Une vision pour l’avenir

Le projet de la TNT, une technologie de diffusion numérique via antenne, inclut : la mise en place d’un réseau national de TNT et de Radio FM ; la construction de studios modernes ; l’acquisition d’unités mobiles de production ; la création d’un système avancé d’archivage et des formations techniques spécialisées pour les professionnels du secteur.

Nfa Ousmane Camara, coordinateur national du projet, a dépeint la triste situation actuelle de l’audiovisuel en Guinée, où seuls 8 des 32 sites de diffusion sont opérationnels. Il évoque le coût élevé de la transmission satellite rendant urgente la connexion des sites à la fibre optique. Selon le Cas-marrant, le projet TNT prévoit la numérisation complète des studios RTG1 et RTG2 parmi les priorités. Il offrira aussi des kits de réception (décodeurs et antennes), facilitant un accès élargi aux contenus nationaux et internationaux. Nfa Ousmane Camara indique que l’initiative est une opportunité pour le trésor public de générer des revenus à travers cette transformation numérique. «Cela veut dire que plus tôt que nous finirons avec ce processus, plus tôt notre trésor public pourra engranger des ressources financières. Si nous terminons complètement ce processus, peut-être que nous aurons aussi la 5G et très prochainement la 6G en étude».

Vers un avenir prometteur

En Guinée, la migration de l’analogique à la numérisation a commencé depuis 2011. Fana Soumah, le ministre de l’Info et de la Com, a souligné l’impact de la TNT sur la préservation du patrimoine audiovisuel guinéen et le renforcement des capacités de l’Institut national de l’audiovisuel, INA. « Ce projet est la solution permettant de résoudre définitivement l’épineux problèmes de couverture nationale en radio et en télévision… La TNT, Télévision numérique terrestre, vise à préserver la mémoire et le patrimoine de notre pays en contribuant à l’installation d’équipements d’enregistrement et de conservation des archives audiovisuelles pour la postérité. Il renforcera les capacités techniques de l’Institut national de l’audiovisuel créé en 2018, en sauvegardant de nos contenus audiovisuels. Ce qui devra aboutir à la création de la télévision du patrimoine, exclusivement sur le web », a expliqué N’Ta Fana.

Le PM a rappelé les luttes historiques pour la libéralisation des ondes en Guinée. Il a exprimé son optimisme quant au potentiel transformateur de la TNT, pour stimuler la créativité, l’innovation et la production de contenus de qualité en Guinée. « En 2004, on a été gazés, on marchait pour la libéralisation des ondes en Guinée. Les résistances ont été telles que ce qu’on aurait pu faire il y a dix ans, c’est maintenant qu’on le fait. Mais l’essentiel, c’est d’avancer…» Il souligne qu’avec la TNT, la Guinée entre dans un processus permettant l’accession pour tous à l’information et à la liberté d’expression. Selon lui, la TNT a permis à plusieurs pays de booster leur culture, leur créativité et de les mettre sur une orbite en termes de production audiovisuelle, cinématographique. Il regrette que la Guinée soit en retard dans ce processus : « Ce retard s’est répercuté sur maints domaines. Nous étions parmi les pionniers du cinéma, les premiers dans la création artistique et musicale. Nous devons récupérer notre place… La TNT est un autre univers qui va changer notre approche. C’est un monde formidable si nous avons le courage dans le sens de la créativité pour se mettre au goût du jour et créer du contenu en mesure d’être vendu et s’exporter… »

Avec le lancement projet, la Guinée entre dans une nouvelle ère où la télévision numérique pourrait devenir un moteur de développement culturel, artistique et économique. Le défi consiste désormais à rattraper les retards accumulés pour propulser le pays au rang des leaders africains de la production audiovisuelle. Ce qui n’est pas une mince affaire.

Abdoulaye Pellel Bah