Samedi 21 décembre, assemblée générale hebdomadaire du MoDel, Mouvement démocratique libéral. Au menu du jour : information générale du Parti, Forces vives, situation socio-économique du pays et le dernier sommet de la Cédéao, Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest récemment tenu à Abuja et dont une partie a été consacrée à la Guinée.

Le MoDel, placé sous observation par le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation à l’issue de la dernière évaluation des partis politiques guinéens, semble sur le point de tourner cette page. Aliou Bah a assuré que les « problèmes mineurs » relevés avaient été corrigés. « Le travail a été fait. La semaine prochaine, nous déposerons les documents nécessaires par l’intermédiaire d’un cabinet d’huissier autorisé afin que le MoDel soit pleinement préparé pour les prochaines échéances électorales », a-t-il déclaré.

Membre actif du FNDC-Politique, Aliou Bah a réaffirmé son engagement en faveur du retour à l’ordre constitutionnel et de la résolution de la crise politique. « Nous avons participé à des discussions pour harmoniser nos efforts et converger vers des solutions durables. Nous sommes d’accord sur les fondamentaux : organiser des élections locales et nationales de la base au sommet pour rétablir l’ordre démocratique », a-t-il précisé, annonçant que les Forces vives prévoient des initiatives concrètes sur le terrain, dont les détails seront annoncés prochainement à travers une déclaration.

Une transition à la dérive

Le président du MoDel a exprimé sa profonde inquiétude face à ce qu’il perçoit comme un dévoiement de la transition. Il a taxé ceux qui étaient censés défendre le peuple de s’être misent aux bottes de ceux qui les ont nommés. Que la transition a perdu sa trajectoire. Alors que d’aucuns parlent de refondation plutôt que de transition, ce qui revient à renier les engagements initiaux de la junte. « Ils se targuent d’avoir un avant-projet de Constitution, de remplacer ‘’transition’’ par ‘’refondation’’, ça veut juste dire que les engagements prises ultérieurement ne les intéressent plus, mais ça c’est dans leur mode de fonctionnement, dans leur esprit (…) on doit comprendre la réalité telle qu’elle est parce qu’heureusement nous ne sommes pas des mythomanes. Nous ne nous faisons pas d’illusions. Nous regardons la réalité en face. »

Selon Aliou Bah, cette « refondation » n’est qu’un moyen pour échapper aux obligations inscrites dans la charte de la transition et les promesses faites au peuple. « Nous ne sommes pas dupes et nous mettons chacun face à ses responsabilités », a-t-il insisté, estimant que ce n’est ni injurieux, ni irresponsable, ni irrespectueux de dire à quelqu’un : « vous avez pris des engagements, respectez les.»

La CEDEAO et l’UA : un rôle en déclin

Évoquant le récent sommet de la CEDEAO, Aliou Bah s’est dit déçu par l’absence d’une réflexion approfondie sur la situation en Guinée. « La déclaration consacrée à la Guinée ne compte que dix lignes, ce qui témoigne d’un manque de sérieux dans le suivi des accords dynamiques signés avec la junte, parce que dans cet accord il était question pour la junte de rendre le pouvoir à l’occasion des élections qui allaient s’organiser avant le 31 décembre 2024 » a-t-il déploré.

Il a également critiqué l’usage du terme « dynamique » dans les engagements, qu’il considère comme une stratégie visant à repousser les échéances. « C’est une élasticité qui montre qu’il n’y avait pas de bonne foi dès le départ », a-t-il affirmé, regrettant par ailleurs l’incapacité de la CEDEAO à s’imposer face aux États membres. « Vous en avez même certains qui se sont retirés unilatéralement (Mali-Burkina Faso-Niger). La CEDEAO a crée sa propre crise en n’ayant pas pris ses responsabilités dès le début avec les tentations de troisième mandat dans ses différents États membres.  

Aliou Bah a également pointé du doigt l’Union Africaine, qu’il accuse de passivité face aux conflits sur le continent. Il rappelle que depuis plusieurs années les spécialistes appellent à la réforme du système des Nations unies, de la CEDEAO et de l’Union africaine. En vain : «On en parle presque plus. L’Union africaine n’est plus un sujet d’actualité. Elle ne fait même plus de communiquer sur les différents conflits qui se passent sur le continent. Pourtant, il y a des zones de conflit un peu partout en Afrique. Ça veut dire que nous devons compter sur nous-mêmes pour garantir notre  avenir. Rassurez-vous que ce sont nos efforts internes qui peuvent changer le cours de l’histoire de notre pays. »

Alors que le pays traverse une période cruciale, le MoDel entend s’impliquer activement dans la mobilisation politique et la sensibilisation des citoyens, en vue de contribuer à la sortie de crise et au rétablissement d’un ordre démocratique en Guinée.

Abdoulaye Pellel Bah