La délibération sur le volet recettes de la Loi de finances initiale (LFI) 2025 était l’ordre du jour de la plénière du Conseil national de la Transition (CNT) du 23 décembre. Présentée le 9 décembre, la loi prévoit des recettes estimées à 35 073 milliards de francs guinéens. Soit une augmentation de 14,09% par rapport à la LFI 2024. Mais la loi soulève de nombreuses préoccupations.

Le volet recettes de la LFI-2025 a été adopté à l’unanimité. Elle prévoit une augmentation de 14,09% par rapport à l’année précédente, passant de 30 741 milliards GNF à 35 073 milliardsGNF. Cette hausse est attribuée à la poursuite des réformes fiscales, à la modernisation des régies de recettes, ainsi qu’à l’application d’un prix de référence pour la bauxite, en plus d’autres mesures pour élargir l’assiette fiscale. N’Gouamou Fabara Koné, rapporteur de la Commission du Plan, des Affaires Financières et du Contrôle Budgétaire, a précisé que les recettes se décomposent en un budget général de 33 878 milliards GNF (soit 96,59%) et en budget d’affectation spéciale (BAS) pour 1 194 milliards GNF (3,41%).

Le rapport du CNT sur les projections budgétaires de 2025 avance des prévisions ambitieuses, avec un taux de croissance économique estimé à 7% du PIB, un taux d’inflation de 6% et un taux de pression fiscale entre 12 et 13%. Par ailleurs, la Guinée prévoit un taux de change de 8 489 GNF pour un dollar américain. Cependant, ces prévisions sont marquées par plusieurs inquiétudes soulevées par les conseillers, qui ont formulé une trentaine de recommandations visant à renforcer la rigueur et la transparence dans la gestion des finances publiques.

Inquiétudes et Recommandations

Le rapport a mis en lumière un faible taux d’exécution des suggestions précédentes. Sur 28 recommandations formulées en 2024, seules 25% ont été pleinement prises en compte contre 54%. Parmi les mesures non appliquées, figurent des propositions clés telles que la hausse de la fiscalité sur les boissons alcoolisées, la mise en place d’une redevance sur les appels téléphoniques et la taxe sur les passagers de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré.

L’encaissement de certaines contributions stratégiques comme le ticket d’entrée de Bawou estimé à 800 milliards GNF pour le projet Simandou, la faible mobilisation des créances fiscales, évaluées à 1 429 milliards GNF, le manque de petites coupures de monnaie dans les zones rurales et le refus de certaines entreprises privées de s’acquitter des redevances annuelles ont également été cités comme des obstacles à la collecte des recettes.

Les conseillers du CNT ont exprimé leurs préoccupations concernant le manque de transparence sur les ressources collectées au compte du Fonds de services universels (FSU), destiné à financer des projets d’intérêt public. Le CNT a ainsi sollicité une mission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur la gestion de ce fonds, pour avoir identifié un manque à gagner de plus de 103milliards de francs guinéens.

Risques et impact sur l’économie

N’Gouamou Fabara Koné a souligné que les tensions géopolitiques pourraient entraîner une augmentation des taux d’intérêt affectant la capacité de financement des dépenses publiques. Ces risques, selon lui, pourraient freiner la croissance du PIB et limiter les possibilités de mobilisation de l’épargne intérieure pour le financement des Bons et Obligations du Trésor. Il a insisté sur la nécessité pour le ministère des Finances de mettre en place une stratégie de financement plus robuste et plus adaptée aux réalités économiques mondiales actuelles.

Des ministres devant les Conseillers du CNT

Dans son discours, Dansa Kourouma a rappelé au gouvernement l’importance de prendre au sérieux les rapports d’examen du budget fournis par le CNT. Selon lui, ces rapports ne sont pas de simples documents de commentaire, ce sont des instruments essentiels pour assurer la crédibilité et la rigueur des lois budgétaires. Il a insisté sur l’application effective des recommandations formulées par le CNT, soulignant que cela est crucial pour garantir la cohérence et la transparence du processus budgétaire.

Si l’augmentation des recettes de la LFI-2025 est saluée, les préoccupations liées à la mise en œuvre des réformes et à la gestion des finances publiques demeurent. Le gouvernement en tiendra-t-il compte ? L’avenir le dira.

Abdoulaye Pellel Bah