Dix-sept américains, descendants du prince Abdourahmane Bun Sori, connu sous le nom de « Prince parmi les esclaves », se rendent au Fouta-Djalon, en République de Guinée, pour visiter la terre de leur ancêtre en cette fin d’année 2024. Dans son Fouta natal, Prince Abdourahman grandit dans un environnement noble, reçut une éducation islamique complète, maîtrisa l’arabe  et le Coran. À l’âge adulte, il devint un commandant militaire influent, dirigeant des expéditions pour consolider la puissance de son royaume.

Capture et esclavage

En 1788, alors qu’il revenait d’une expédition militaire, Abdourahmane fut capturé par des guerriers rivaux alliés à des marchands d’esclaves européens. Il fut vendu à des négriers et transporté vers les Amériques, un sort commun à des millions d’Africains de l’époque. Il fut acheté par le colonel Thomas Foster, un planteur du Mississippi, et travailla des décennies sur une plantation de coton à Natchez. Malgré son asservissement, il se distingua par son intelligence, son leadership et son charisme, devenant superviseur des autres esclaves. Il réussit à maintenir sa dignité et sa foi musulmane, un aspect rare dans les récits documentés de l’époque.

De la gauche vers la droite, El Hadj Mody Sory Barry et El Hadj Mody Oury Barry, membres du Haut Conseil des Anciens du Timbo

Voici l’histoire du personnage emblématique : Abdourahmane Ibrahim Ibn Sori, également connu comme Abdourahmane bin Sori ou encore « le Prince parmi les esclaves », une figure historique fascinante liée à l’histoire de l’esclavage transatlantique. Né vers 1762 dans le royaume du Fouta-Djalon, République de Guinée actuelle, il était le fils de l’Almamy (chef religieux et politique) de Timbo, une région clé de ce royaume musulman.

La case du patriarche d’Abdourahmane

Reconnaissance et libération

Un jour, il rencontra le médecin irlandais John Cox, qui l’avait croisé dans sa jeunesse au Fouta-Djalon. Cox reconnut immédiatement Abdourahmane et tenta de plaider pour sa libération auprès de Foster, sans succès initialement. Dans les années 1820, Abdourahmane attira l’attention grâce à son histoire et sa maîtrise de l’arabe. Il fut surnommé « le prince parmi les esclaves ». Avec l’aide de sympathisants abolitionnistes, il écrivit une lettre en arabe qui parvint au sultan du Maroc. Cette intervention, combinée à l’appui de personnalités influentes, incita le président américain John Quincy Adams à ordonner sa libération en 1828, après 40 ans d’esclavage.

Des descendants du Prince Abdourahmane

Retour en Afrique

Libéré, Abdourahmane entreprit une tournée dans le nord des États-Unis pour collecter des fonds en vue de racheter sa famille et retourner en Afrique. Malgré ses efforts, il ne put racheter qu’une partie de ses proches. En 1829, il retourna en Afrique de l’Ouest, mais mourut peu après son arrivée à Monrovia, au Libéria, sans revoir son Fouta-Djalon natal.

Héritage

L’histoire d’Abdourahmane Ibrahim Ibn Sori est un symbole de résilience, d’éducation et de dignité humaine face à l’oppression. Son parcours est documenté dans des ouvrages historiques et dans le documentaire « Prince Among Slaves », adapté du livre de Terry Alford.

Bah Boubacar