Née et résidant au Canada, Alexandra Binta Mansaré a décidé de défendre les couleurs de la Guinée en natation artistique. Elle a démissionné de son club canadien, pour se mettre au service de son pays d’origine. Entretien exclusif avec la nageuse, récipiendaire du prix de meilleure sportive 2024 du Canada.

La Lance : Alexandra, te plairait-il de te présenter à nos lecteurs ?

Mon nom est Alexandra Mansaré. J’ai 25 ans, je suis athlète élite en natation artistique. J’ai commencé à nager en 2006 dans un club provincial au Québec. Je suis infirmière de profession, candidate au bac pour devenir infirmière clinicienne. Je suis l’aînée d’une famille de 6 enfants d’origine guinéenne.

La Lance : Tu décides de défendre les couleurs de la Guinée, alors que rien ne t’y oblige ?

Par amour et patriotisme, j’ai décidé de défendre les couleurs de la Guinée. Je souhaite vivement transmettre à la jeunesse guinéenne ce que j’ai acquis de bon. Quand j’ai commencé la natation artistique, j’étais la seule Africaine noire à pratiquer ce sport. Je sortais de l’ordinaire, j’ai eu un début de parcours assez difficile. Les intimidation et racisme faisaient partie de mon quotidien, ce sport était très fermé, les standards physiques de l’excellence étaient pratiquement à l’opposé de moi. Au fur et à mesure que j’avançais avec beaucoup de courage et de persévérance, en mettant toutes les chances de mon côté, je me suis donnée pour mission de faire tout ce qui était en mon pouvoir, pour être une leader de la diversité et de l’inclusion dans ce sport, que j’aime tant, pour paver le chemin pour la jeunesse noire et surtout guinéenne. J’ai grandi et vit encore au Canada, j’ai eu la grâce de baigner dans la culture guinéenne, celle de ma famille, surtout ma grand-mère, très patriote, nous inculquait l’amour du pays, de nos origines.

La Lance : Ta décision ne t’a pas créé de problèmes au Canada ?

Non pas vraiment, juste que j’ai lâché mon club canadien au profit de la Guinée, heureusement, ils ont bien compris et bien apprécié, que je suis fière de mes origines, sans être oublieuse de mon pays d’adoption.  Aujourd’hui, je représente une fierté pour les deux, comme on dit, l’union fait la force.

La Lance : Tu pratiques une discipline pas très courante en Guinée. Comment comptes-tu t’y prendre pour sa promotion chez nous ?

Tout cela commence avec ma visibilité et ma carrière d’athlète. Donc je m’entraîne 40 heures par semaine, car l’objectif à long terme est vraiment la performance, de faire partie des meilleurs du monde. Avec ma cousine qui est une ancienne athlète, mon entraîneur  canadien et bien sûr le support de la fédération guinéenne, on aimerait pouvoir faire des camps en collaboration avec les écoles primaires pour faire découvrir la discipline aux jeunes, et éventuellement ouvrir un club et on aimerait inclure la natation,  le water-polo et le plongeon pour vraiment faire la promotion des sports aquatiques. Mon souhait : participer le plus possible aux compétitions du côté africain, développer notre sport dans la zone panafricaine.

Propos recueillis par

Thierno Saïdou Diakité