Le 29 janvier, Alpha Mohamed Kallo, ancien dirlo de la Banque nationale d’investissement de Guinée (BNIG), s’est expliqué sur sa gestion du capital de l’institution devant la Chambre de jugement de la Crief. Des milliards de francs glissants auraient disparu, sous sa direction.
Alpha Mohamed Kallo, Ibrahima Tounkara et Maurice Eugène Alecaut (travailleurs de la BNIG), ainsi qu’Afriland First Bank, Ejico et Djoliba Pêche sont trimballés devant Dame Thémis pour un paquet d’accusations : détournement de deniers publics, corruption d’agents publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux en écriture publique, atteinte à la liberté des candidats dans les marchés publics, complicité et recel. (Excusez du peu !)
Me Pépé Antoine Lama, de la partie civile (Agent judiciaire de l’Etat), évoque une misère de 15 millions de francs glissants, décaissés du compte de la BNIGle 4 mars 2022, « sans justifications. » Alpha Mohamed Kallo rétorque qu’il ne faisait point de retrait et que les décaissements de 10 à 30 millions sont généralement destinés au fonctionnement quotidien de la banque. « Qui signait les chèques ? », poursuit l’avocat. « C’est moi. Toutes les pièces sont à la banque, mais ce n’est pas moi qui décaissais l’argent », répond le prévenu. « A quoi servait ce montant en espèces ? », questionne Me pépé Antoine Lama. « La BNIG n’avait pas de guichet, elle n’avait pas de caisse. Donc, on faisait des chèques pour décaisser de l’argent destiné aux besoins quotidiens de la banque. L’argent est géré par le comptable », explique le Kallo. Qui précise qu’il touchait 128 millions de francs glissants (par mois ?) salaire et avantages cumulés.
La partie civile évoque un versement de 96 millions de francs glissants, effectué le 23 octobre 2018, sur le compte personnel d’Alpha Mohamed Kallo, logé à la Société générale des banques en Guinée (SGBG). « J’ai reçu de l’argent des États-Unis, j’ai demandé à mon cambiste de faire le change et de verser l’argent sur mon compte. Je rappelle que BNIG a commencé à fonctionner qu’en 2019 », précise le prévenu.
Le 17 février 2021, un certain Mohamed Barry « a versé en espèces plus de 200 000 millions sur votre compte », ajoute Me Pépé Antoine Lama. « Il y a des transactions des milliards qui se passent sur mon compte. Je ne peux pas me souvenir de tout cela », rétorque-t-il.
Surfacturation ?
La partie civile évoque aussi un versement de 100 000 millions sur le compte du prévenu, effectué le 6 mai 2021. « C’est sur mon compte personnel que je garde l’argent, pour payer les travailleurs de mes écoles, mais aussi pour d’autres affaires d’entrepreneuriat. Je fais plusieurs autres opérations, mais c’est mon salaire et mes avantages qui sont virés du compte de la BNIG à mon compte personnel », argue Alpha Mohamed Kallo. Et de préciser que les 693 millions de francs glissants dont il est accusé d’avoir détournés étaient ses « arriérés de 5 mois de salaire, y compris avantages.»
Selon la partie civile, la rénovation du siège de la BNIG à Kaloum aurait coûté 18 milliards de francs glissants. Me Pépé Antoine Lama sent une surfacturation. Le périmé boss de la banque soutient qu’il y a eu plusieurs travaux additionnels lors de la rénovation du siège effectué par la société Ejico dont le représentant est dans le box. « Je n’ai pas fait de surfacturation, il y a eu un appel d’offres en bonne et due forme. Les 18 milliards-là est l’un des coûts de rénovation les moins cher à Conakry », croit-t-il. Et d’annoncer que c’est l’ex-Prési Alpha Grimpeur qui avait payé les frais de rénovation.
« Il n’y a pas eu de clients fictifs »
Me Jean-Baptiste Jocamey Haba, avocat (sans vinaigrette) de la défense, argue que la BNIG ne peut en aucun cas accorder de crédit à un client sans autorisation préalable du Comité d’investissement du Conseil d’administration. « Il n’y a pas de clients fictifs, tous les dossiers sont étudiés par l’APIP. Les clients sont tous identifiés, leurs données stockées à la banque », jure la main sur le palpitant, Alpha Mohamed Kallo. Et de souligner que, dans un premier temps, le capital de la BNIG était logé sur un compte d’Afriland First Bank, avant d’être relocalisé sur un compte de la BNIG à la Banque centrale. « On demandait l’aval d’Afriland First Bank avant de virer un crédit à un client », affirme Kallo. Accusé d’avoir détourné 119 milliards 500 millions de francs glissants, l’ex-dirlo soutient que cela « est impossible », car un tel montant dépasserait le capital de la BNIG qui est de 100 milliards de francs guinéens. selon lui, il est question plutôt de 119 millions de francs glissants décaissés de 2019 à 2021, pour les dépenses de fonctionnement de la banque.
Le robin, Yagouba Conté, a renvoyé l’affaire au 5 février, pour la fuite des débats.
Yaya Doumbouya