La société Guinea alumina corporation (GAC), dont les activités d’exploitation de la bauxite sont à l’arrêt depuis novembre, envoie au chômage technique la moitié de ses employés à partir du 1er février. Une mesure qui fait grincer des dents.
La mesure concerne 50 % des employés et prestataires de services de l’entreprise. Cette décision, qualifiée de « temporaire » par la direction, intervient dans un contexte marqué par l’arrêt des exportations de bauxite depuis plusieurs mois, mettant l’entreprise sous forte pression financière. Selon une note de la direction de GAC, toutes les alternatives ont été explorées afin d’éviter d’en arriver à cette mesure, en vain. « Nous avons retardé ces décisions aussi longtemps que possible en adoptant plusieurs stratégies de réduction des coûts », indique l’entreprise, soulignant qu’elle a maintenu les salaires et les emplois durant quatre mois en dépit de la suspension des exportations. Cependant, la situation économique ne permettant plus de supporter ces charges, elle se voit contrainte de réduire temporairement ses effectifs.
A compter du 1er février, environ la moitié des employés de GAC devraient donc partir en chômage technique pour une durée de quatre mois.
Le syndicat s’y oppose !
Consciente des conséquences sociales de cette décision, la direction assure avoir pris des mesures pour limiter l’impact sur les employés concernés. Contrairement au minimum légal de 30 %, GAC versera 60 % des salaires durant la période de chômage technique. De plus, chaque employé affecté bénéficiera d’un accompagnement individuel à travers des réunions avec l’équipe des ressources humaines afin de mieux traiter les implications de cette mise en chômage technique, rassure la note consultée par notre rédaction.
Toutefois, l’entreprise ne pourra pas procéder à une augmentation des salaires de base en 2025, une décision qui risque d’attiser les inquiétudes des employés en cette période d’incertitude. Selon nos informations, le syndicat est vent debout contre la mise au chômage technique des employés. Rainson invoquée, en même temps que la direction de GAC avance des difficultés financières dues à l’arrêt des activités, elle « garde les expatriés, de loin mieux rémunérés que les Guinéens. La direction devait donner la priorité aux nationaux, en commençant par envoyer les expatriés au chômage technique. La loi dispose que la durée contractuelle d’un expatrié est de quatre ans. Or, nombreux sont les employés étrangers qui ont dépassé ce délai », s’offusque une source au sein de l’entreprise.
Une raffinerie avant septembre 2026
Guinea alumina corporation détient une concession minière de 690 km carrés située au nord-ouest de la Guinée. Mais ses activités ont été suspendues par les autorités guinéennes. « GAC a des difficultés avec l’administration douanière et d’autres administrations. Il faut quand-même rappeler que c’est la seule société dont le nom est synonyme d’alumine. Cela fait vingt que sa convention a été signée. Est-ce qu’on a vu la raffinerie ? » s’est interrogé Bouna Sylla, le ministre des Mines et de la géologie, dans une émission de la RTG.
Questionné sur l’alibi du déficit énergétique souvent invoqué par les miniers pour justifier la non transformation sur place de la bauxite, le ministre a répondu: « Elle savait que le problème énergétique existait. Quand elle signait, il n’y avait pas Souapiti, il n’y avait pas Kaléta [noms de barrages hydroélectriques nouvellement construits]. Ces sociétés savaient pertinemment où elles investissaient. Elles leur revenait de respecter leurs engagements. Le 5 septembre [2021, date du putsch du CNRD de Mamadi Doumbouya], le président de la République a dit que la Guinée respecte les engagements internationaux. La contrepartie, il faut que chaque partenaire respecte ses engagements pris à l’égard de la Guinée. Le dernier chronogramme convenu avec GAC, la fin de la construction de la raffinerie est prévue le 30 septembre 2026. Jusqu’à présent, les travaux de construction n’ont pas commencé. On sera intransigeant et implacable à l’égard de toute société qui ne respecterait pas ses engagements à l’égard de l’État guinéen. »
La direction de GAC affirme poursuivre ses discussions avec les autorités guinéennes afin de trouver une issue favorable à la crise.
Abdoulaye Pellel Bah