Censé s’ouvrir ce 20 février, le procès de Mohamed Diané a finalement été renvoyé. Le juge, Daye Mara, a pris cette décision pour permettre à la défense de l’ancien ministre de la Défense nationale et des Affaires pestilentielles de compulser son dossier.
Condamné en instance à 5 ans d’emprisonnement, à 5 milliards de francs glissants d’amende, à 500 milliards de francs glissants de dommages et intérêts et à la confiscation de la plupart de ses biens immobiliers, Mohamed Diané est de nouveau devant la Cour de répression des infractions économiques et financières. Il a porté l’affaire devant la Chambre des appels pour chercher à se tirer d’affaire. Mais l’audience a tourné court, avant d’être renvoyée. L’avocat de la partie civile, l’Agent judiciaire de l’Etat, en a fait la demande : « C’est ce matin que j’ai appris que le dossier était programmé, alors que j’était déjà au tribunal du commerce. Je n’ai pas le dossier de cette procédure avec moi, je ne suis pas prêt à l’aborder», explique maître Pépé Antoine Lama. Un argument n’ayant pas convaincu le ministère public : « Si l’Etat estime qu’il n’a pas été prévenu à temps, ce n’est pas la faute au parquet. A la dernière audience, le renvoi était public, il était là. Il est censé être au courant.»
La défense n’a pas trouvé d’objection à cette demande. Mais Me Sidiki Bérété en profite pour exiger à accéder au dossier de la procédure : « On a du mal à avoir son dossier. Ordonnez au greffier de le photocopier, à nos frais, de nous le communiquer en intégralité.» Ses déclarations n’ont pas été du goût du pro-crieur spécial.
Aly Touré estime que la défense cherche à manipuler l’opinion : « Ce qu’il dit n’est pas exact. C’est un dossier informé, donc à la disposition de toutes les parties. Ce n’est pas la faute à l’administration judiciaire s’ils n’ont pas les pièces…Il est même à demander à quel moment ces avocats sont venus dans cette procédure.» A plusieurs reprises, la défense de Mohamed Diané a boudé la procédure pour dénoncer les « violations »de leurs droits et le « refus » du parquet spécial d’exécuter les ordonnances de mise en liberté en faveur de leur client : « Ils ne faut pas créer une polémique stérile, ils ont délibérément boycotté les audiences », assène Me Pépé Antoine Lama. Me Bérété de retorquer : « Plusieurs pièces sont maintenant dans le dossier, alors qu’elles n’ont fait objet de discussions à l’instruction. Qu’on ne se presse pas, on va les démonter à la barre ici.»
L’affaire est finalement renvoyée au 6 mars prochain, le temps pour la défense d’entrer en possession des pièces de la procédure.
Yacine Diallo