Alors que l’UFDG projetait son congrès les 19 et 20 avril avant que la justice n’ordonne sa suspension, une ‘’note d’orientation’’ interne du parti suggère la nomination à tous les postes de direction. Ce qui augurerait, si la réforme est entérinée, une centralisation inédite des pouvoirs dans les mains du président, le seul élu de l’exécutif.

Avant que la justice ne le freine dans son élan, l’Union des forces démocratiques de Guinée avait engagé le processus de renouvellement de ses instances dirigeantes. De la base au sommet. Un processus qui devrait se terminer par le congrès national, initialement prévu les 19 et 20 avril. Outre l’élection (ou nomination ?) des dirigeants, était envisagé un toilettage profond des textes régissant le fonctionnement du parti, notamment la suppression de certains postes caducs et la création d’autres pour impulser une nouvelle dynamique.

La commission chargée de réviser les textes du parti a pondu une note d’orientation, pour permettre « aux membres de la haute direction du parti d’échanger et de s’accorder sur le sens et la portée des révisions à apporter aux textes fondamentaux de l’UFDG en vue de conférer une meilleure efficacité au fonctionnement du parti et de ses organes à tous les niveaux. » Consultée en exclusivité par notre canard, la note suggère la nomination de l’ensemble des membres du Bureau exécutif, à la seule exception du président du parti.

Vers une gestion centralisée ?

Jusque-là, l’UFDG comprend au niveau central un président, cinq vice-présidents, 40 membres du conseil politique et 40 secrétaires nationaux. L’ensemble fait partie des 350 membres du Bureau exécutif national, tous jadis élus par le congrès national. Mais pour l’UFDG, l’actuelle organisation interne du parti est lacunaire et inefficace. La commission de révision des textes estime que certains organes, notamment les secrétariats nationaux, n’ont pratiquement pas fonctionné depuis leur mise en place.

La commission suggère de retenir désormais comme organes, au niveau central, le président, les vice-présidents, le bureau politique, le conseil national et les organismes parallèles (jeunes et femmes). Exit donc les 40 secrétariats nationaux. Elle prévoit aussi la création d’un secrétariat exécutif ou permanent. Avec rang de vice-président, le secrétaire exécutif sera une sorte de gardien du temple UFDG, l’interface entre la direction nationale et les autres organes du parti.

Le Prési du parti voit ses prérogatives grossir. Entre autres, il nomme les vice-présidents, le secrétaire exécutif en chef et ses adjoints, les membres du bureau politique ou encore les prési des commissions techniques. Dans l’exercice de ses fonctions, il s’appuie sur les vice-présidents, un comité des sages constitué d’anciens responsables reconnus militants émérites du parti, la cellule de com…

Le CERAG, mécontent

La commission estime que ses propositions, si elles passent, redonneront un nouveau souffle à l’UFDG et lui permettront d’injecter du sang neuf. « Les propositions de révisions […] prennent en compte les expériences vécues dans le fonctionnement du parti au cours des années passées. Elles sont également inspirées par les textes fondateurs de certains partis politiques libéraux qui ont conquis le pouvoir dans certains pays africains », justifie-t-elle.

Sauf que ces réformes sont perçues par d’autres « réformateurs » comme un moyen pour la Petite Cellule Dalein Diallo de faire main basse sur le parti. Le Cercle des amis de Gaoual (CERAG) avait déjà sonné l’alerte lors de son dernier point-presse. Lamarana Petty Diallo accusait l’UFDG de vouloir instaurer la pensée unique en son sein. Il dénonçait notamment cette volonté de privilégier des nominations à toutes les instances dirigeantes du parti au niveau central. « Il n’y aura plus de débat, de vote à l’UFDG. Les instances du parti deviendront une caisse de résonance. Lorsqu’un parti politique ne procède plus au vote, lorsqu’il n’y a plus de débats internes, il n’a qu’à se transformer en monarchie. Et nous ne voulons pas de cela », vitupérait en ces termes Lamarana Petty Diallo.

Joint par notre rédaction, Kalémodou Yansané donne sa langue au chat. Une autre ponte du parti, qui a requis l’anonymat, dit ne pas prêter attention aux critiques. Il souligne que les militants et responsables loyaux à la Petite Cellule Dalein Diallo n’ont pas de problème avec le projet de réforme, lequel ne serait pas le véritable problème des ‘’détracteurs’’ de l’UFDG. « Ils veulent donner le parti dans une calebasse au CNRD », accuse-t-il.

Yacine Diallo