La Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions et financières (Crief) a ordonné ce 14 avril, la réalisation d’une contre-expertise sur le rapport d’inspection incriminant Mamadi Camara, ancien ministre de l’Economie et des finances.  

Mamadi Camara comparaît libre devant la Chambre de jugement de la Crief. Il est poursuivi pour des faits présumés de « détournement de deniers publics, corruption, blanchiment de capitaux et enrichissement illicite » portant sur plus de 80 milliards de francs guinéens. L’argent disparu aurait été coupé des différents budgets du ministère de l’Economie et des finances, de 2011 à 2021.

A l’audience du 7 avril, les avocats de la défense avaient demandé une contre-expertise du rapport d’inspection provisoire ayant renvoyé leur client devant la Chambre de jugement de la Crief. Selon eux, ce rapport réalisé par l’Inspection générale d’Etat « est insuffisant », étant provisoire. Alors, leur demande de contre-expertise en avait été mise en délibéré par la Cour.

Dans sa décision du 14 avril, la Cour a ordonné la contre-expertise sur l’exécution budgétaire du ministère de l’Economie et des finances, pour des exercices allant de 2018 à 2021. Ce qui voudrait dire que Mamadi Camara ne serait plus le seul ancien ministre de ce département à s’inquiéter.

La Chambre de jugement a désigné le cabinet Grant Thornton, sise à Ratoma, à l’effet de procéder à la contre-expertise du rapport d’inspection, décrié par la défense, mais par ailleurs salué par la partie civile et le ministère public.

Les frais à la charge du demandeur

Les experts du cabinet Grant Thornton auront pour mission de faire la situation des montants engagés et effectivement payés. A savoir : les dépenses du personnel, des biens et services, les dépenses d’investissement ainsi que celles de transfert. Selon le juge, Yagouba Conté, le cabinet Grant Thornton est aussi chargé de la vérification de la régularité des procédures d’exécution budgétaire des dépenses. Pour tout, le cabinet dispose d’un mois à « compter de la notification du présent jugement », pour déposer son rapport de contre-expertise à la Crief.

La Cour décide que les frais de la contre-expertise soient à la charge du demandeur et ordonne la mise à disposition de toutes les pièces justificatives par les structures qui en sont détentrices à l’équipe des experts du cabinet Grant Thornton

« On va faire appel de cette décision, Mamadi Camara ne peut pas débourser des millions pour une contre-expertise. C’est le Trésor public qui doit dépenser cela. C’est impossible », peste, en off, un proche de l’ancien ministre.

La Cour a renvoyé l’affaire au 19 mai pour la suite des débats.

Yaya Doumbouya