Le 9 juillet 2024, les leaders du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) étaient enlevés à domicile par des hommes en uniforme. Dix mois après, les Guinéens n’ont eu droit qu’à d’autres nouvelles disparitions, au silence des plus hautes autorités du pays et une promesse de justice non tenue. Quidams

La période d’émotion passée, les Guinéens semblent passer à autre chose. Les marches de soutien à la candidature présidentielle du général Mamadi Doum-bouillant ont pris le dessus sur tout le reste. Il y a peu, les Guinéens entendaient parler d’enlèvements dans la presse. Chez les pays en proie au terrorisme, dans les films d’action… En dix mois, ils sont désormais habitués aux rapts de leurs compatriotes, au point d’en devenir indifférents.

Hormis leurs familles respectives, qui se souvient encore de Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Mamadou Billo Bah, Saadou Nimaga et Marouane Camara, disparus depuis des mois sans laisser de traces ? Aliou Bah du Mouvement démocratique libéral (Model) a écopé de deux ans de prison et croupit depuis quatre mois dans une cellule de l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie. Il s’est largement expliqué en appel sur ses déclarations qualifiées d’offensantes et de diffamatoires à l’égard du prési de la transition, rappelant l’obligation régalienne des autorités de garantir la sécurité nationale. Cela risque plutôt d’aggraver la situation de l’opposant, au vu de la peine de cinq ans d’emprisonnement requise par le parquet général près la Cour d’appel de Cona-cris.

Passivité à tous les niveaux

Et dire que c’est sur le pro-crieur général que les familles des disparus comptent pour retrouver les leurs. Fallou Doum-bouillant ne s’était-il pas fendu d’une déclaration pour écarter toute implication de la justice dans l’enlèvement des Foniké Menguè et Cie ? N’avait-il pas promis de mettre les bouchées doubles pour retrouver ravisseurs et otages, punir les premiers et libérer les seconds ? Pour le moment, il a plutôt la main lourde contre ceux qui dénoncent l’inertie, la passivité des autorités à tous les niveaux.

Le débat n’est plus qui a commandité les enlèvements, ou qui enlève. Mais que fait le pouvoir pour retrouver les disparus, à défaut d’empêcher les disparitions ? Jusque-là, pas une once de compassion pour les victimes et leurs familles. Une voix officielle du goubernement parle même du droit à la disparition.

La Guinée s’achemine vers des échéances électorales, dont une présidentielle à laquelle la candidature du général Doum-bouillant est presque certaine. Ses soutiens promeuvent déjà un « candidat bâtisseur ». Mais qui pour chérir les Guinéens ? Qui pour garantir leur sécurité ?

Le droit à la vie, et à la santé, le droit à la liberté…sont des droits naturels, inhérents à l’humanité, universels et inaltérables, que tout État devrait s’employer à garantir à ses citoyens. Que ceux-ci se nomment Oumar Sylla (Foniké Menguè), Mamadou Billo Bah, Saadou Nimaga ou Marouane Camara.

Diawo Labboyah