Le vice-président du MoDeL (Mouvement Démocratique Libéral), Mamadou Lamarana Barry a présidé l’assemblée générale hebdomadaire du parti, samedi 21 juin à Nongo. Au menu: infos générales, enlèvement de Me Mohamed Traoré, avocat d’Aliou Bah, et création de la Direction Générale des Élections (DGE).

Le 21 juin, vers 3h du matin, Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Guinée a été enlevé à son domicile, torturé, puis relâché le même jour à Bangouyah, après Coyah. Le MoDeL qualifie l’acte de « répétition inquiétante » d’un mode opératoire déjà observé. « On a déjà vécu cela. Personne n’est à l’abri du kidnapping ou de l’arrestation. La junte a instauré un climat de peur et d’intimidation. Mais en tant qu’acteurs politiques, nous devons continuer à jouer notre rôle », a déclaré Mamadou Malal Diallo, responsable juridique du parti. Il rappelle le cas d’Abdoul Sacko du Forum des forces sociales de Guinée, enlevé et abandonné dans la brousse au Km66, près d’un camp militaire, à Forécariah, le 19 février dernier, après avoir subi des sévices corporels.

Me Traoré est l’un des avocats d’Aliou Bah, président du MoDeL, actuellement incarcéré. Le parti s’est dit profondément préoccupé par l’incident : « C’est un acte que nous condamnons fermement. Aucun fils de la Guinée ne mérite un tel traitement. Me Traoré est un serviteur de l’État, un défenseur de l’État de droit. Le fait qu’on puisse le faire passer à travers tous les check-points jusqu’à Bangouya (Kindia) sans être inquiété est extrêmement alarmant », a déploré Ibrahima Diallo, responsable de la communication du MoDeL. Le parti exige l’ouverture immédiate d’une enquête pour faire la lumière sur les circonstances de l’enlèvement et de la libération de Me Traoré. « Nous nous plaçons du côté du droit », a-t-il ajouté.

De la DGE

Parlant de la DGE, Direction générale des élections, le MoDeL dit espérer que le président de la transition, Général Mamadi Doumbouya, tiendra sa promesse de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Mamadou Malal Diallo a précisé : « Peu importe que ce soit la CENI ou la DGE : ce qui compte, c’est le contenu et surtout l’indépendance de l’organe électoral. » Il s’interroge toutefois sur la participation réelle des partis politiques à ce processus, alors que plusieurs figures de l’opposition sont actuellement en exil ou en détention.

Le vice-président, Mamadou Lamarana Barry, s’inquiète d’une élection biaisée si Mamadi Doumbouya est candidat : « Il est à la tête du ministère chargé des élections. Il est difficilement concevable qu’il organise des élections et les perde. Ce serait une première en Guinée. »

Le combat continue

Parlant de la « détention arbitraire » d’Aliou Bah, le MoDeL dénonce un système où « c’est la justice qui condamne, mais le régime qui libère ». Après la confirmation de la peine de deux ans de prison ferme par la Cour d’Appel de Conakry, le parti a saisi la Cour suprême pour un pourvoi en cassation. « Nous ne nous résignerons pas. Nous irons jusqu’au bout, par tous les moyens juridiques possibles, pour obtenir la libération de notre président », a affirmé Malal Diallo.

En parallèle, le MoDeL a lancé une tournée de dix jours en Haute-Guinée. Objectif : remobiliser militants et sympathisants, renforcer les structures locales du parti et préparer son prochain congrès, qui risque de se tenir en l’absence du président du parti, condamné pour « offense au chef de l’État ».

Abdoulaye Bah