La prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire est prévue en octobre 2025. Mais déjà, de gros nuage, signes avant-coureurs de violences bourrasques, s’amoncellent à l’horizon. La liste électorale a été tout bonnement expurgée des grosses légumes des partis politiques qui comptent dans le pays. Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé, sont passés par la trappe d’arguties juridiques.
Par exemple, Laurent Gbagbo, alors Chef d’Etat de Côte d’Ivoire, est accusé de braquage de la BCEAO nationale. Si le ridicule tuait ! Les arguments vexatoires dont le pouvoir accable ces leaders de premier plan de la politique ivoirienne, visent à écarter les challengers les plus coriaces d’Alassane Ouattara qui a bien l’air de vouloir briguer un quatrième mandat, moqué d’illégitime et d’illégal par ses opposants. A de telles manœuvres retorses, les politicards africains ont coutume de répondre par un défaitisme de très mauvais aloi en adoptant la politique de la chaise vide et en s’abstenant conséquemment de participer au vote. L’expérience nous apprend que ce défaitisme peut avoir des effets ravageurs pour ceux-là même qui l’ont défini comme stratégie de combat politique. L’abstention n’a jamais aidé une formation politique à remporter des élections.
Les Ivoiriens le savent. Alassane Ouattara et ses ouailles l’ont tristement appris, à leurs dépens, il y a quelques années. Le rejet de la politique de la chaise vide a, a contrario, bien des vertus. Faites un tour au Sénégal pour un woba-woba avec les jeunots du PASTEF (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité). Et revenez ! Vous serez édifiés. Là-bas, Macky Sall avait fait des mains et des pieds pour rendre inéligible Ousmane Sonko, le plus redoutable de ses Challengers. Sous d’autres cieux en Afrique, son parti, le PASTEF, aurait tout bonnement décidé de boycotter le scrutin en se gardant bien d’y prendre part. Et, ce faisant, s’exclure soi-même du jeu. Bien au contraire. Sonko et ses amis ont pris la sage et intelligente initiative de présenter en lieu et place du leader, un autre camarade, Bassirou Diomaye Faye, qui bat à plate couture Ousmane Ba, premier ministre, candidat de l’APR et du Président sortant. Belle victoire !
Cette leçon de perspicacité politique devrait inspirer les états-majors des partis politiques ivoiriens dont les leaders auront été définitivement radiés de la liste électorale. Malgré toutes les tentatives d’y mettre fin, si les leaders incarnent les aspirations des masses qui leur vouent en retour une quasi idolâtrie, il n’est pas dit que d’autres responsables du parti moins en vue soient dénoués de capacité et de talents pour compétir et gagner. Peu d’observateurs, même parmi les plus avisés, ont pronostiqué la victoire de Diomaye Faye tant la personnalité de Sonko lui faisait ombrage, l’effaçait.
En cette période préélectorale, il faut espérer que la sagesse associée au syndrome du conflit poste électorale de 2010, dissuade les politiciens de tous les bords d’engager leur pays dans une nouvelle aventure meurtrière.
Abraham Kayoko Doré