Entre le 24 et le 26 juin, cinq consommateurs de la drogue kush ont péri à Cona-crimes et trois autres sont en soins intensifs à l’Hôpital national Ignace Deen. Les autorités, ayant déclenché une chasse aux consommateurs et aux lieux de trafic de drogue, ambitionnent d’éradiquer dare-dare le fléau en Guinée.

La drogue appelée kush fait des ravages en Guinée. Le 24 juin à Kirkland, un quartier de la commune urbaine de Kagbélen (dans le Grand Cona-crimes) a été le théâtre d’un drame. Suite à une overdose de kush, quatre de cinq jeunes consommateurs de cette drogue addictive en sont morts. Ils auraient fumé la substance la nuit et déambulaient dans la rue, quand un passant les a ramassés et envoyés dans une clinique à Keitaya, commune de Kabgélen.

Sékou Camara, prési du conseil de quartier de Kirkland précise : « Quatre jeunes sont décédés suite à la consommation de cette drogue dont trois ont été identifiés. Le quatrième a été finalement inhumé le 25 juin ».

Après le drame de Kirkland, la Direction générale de la police nationale (DGPN) a déclenché une opération d’envergure dans la capitale, le 25 juin. Plusieurs agents ont été déployés sur le terrain. Selon une déclaration de la DGPN, cette « intervention coordonnée » a mobilisé les unités mixtes de la coordination de la Brigade anticriminalité (BAC) numéros 2, 5, 7 et 12. Elles sont appuyées par les unités d’intervention de la Gendarmerie nationale. Selon toujours la police, le ratissage cible des zones suspectes : Fofomérè, Kountia bas-fond et Keitayah.

Ces quartiers, ajoute la police, sont considérés comme des « repères de délinquance ». Les arrestations se comptent par dizaines. « Le bilan provisoire fait état de l’interpellation de 31 individus aux profils jugés suspects. D’importantes quantités de drogue ainsi que du matériel de conditionnement ont été saisis ».

Un mort à Boulbinet

Le 26 juin, au débarcadère de Boulbinet, commune de Kaloum, trois autres jeunes ont également pâti de la consommation abusive du kush. Un d’entre eux en est mort dans un coin du débarcadère, dénommé Japon. Mamadou Barry, témoin, explique les circonstances : « Le gars est décédé au lieu où on vend la drogue. Il a l’habitude d’en consommer, selon ses amis. Les autres victimes ont été admises à l’Hôpital Ignace Deen pour des soins ».

Aboubacar Koumbassa, dirlo général de l’Agence nationale de la navigation maritime (ANAM), explique que la victime a été identifiée comme étant un Christophe Augustin. « Nous avons interrogé son maître qui est piroguier. Il nous a dit qu’ils se sont séparés depuis trois jours, parce que son apprenti ne travaillait plus comme avant. Il est Guinéen, originaire de Kamsar ».

A Boulbinet, l’endroit appelé Japon est situé au fond du débarcadère, non loin du Palais Mohammed V qui abrite la Présidence. Il est censé être un lieu de négoce et de débarquement de poissons, mais est en partie une habitation de fortune. Des baraques, conteneurs sont visibles partout dans le coin. Des jeunes s’y réunissent en petits groupes. Le 26 juin, les flics y ont fait une descente inopinée, musclée qui s’est soldée par des arrestations. « Ils ont déguerpi les lieux en partie, arrêté des jeunes. Ici, il y a souvent des découvertes macabres. Certainement, certains cas sont liés à la consommation de cette drogue kush », témoigne une source anonyme.

Programme ambitieux

Le 26 juin marque la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues dans le monde. En Guinée, elle a été célébrée par l’Institut itinérant de formation et de prévention intégrées contre la drogue et autres conduites addictives. Le colonel Mohamed Lamine Simakan, secrétaire gérant à la Présidence chargé des Services spéciaux de lutte contre la drogue et les crimes organisés, admet que « la Guinée reste encore confrontée à la consommation abusive, au trafic illicite de drogue. Des résultats forts et encourageants sont enregistrés tous les jours. Malgré ces résultats, nous restons très préoccupés » (Soleil FM). L’officier déclare que d’ici le 26 juin 2026 ses services comptent « faire zéro kush en Guinée ». Amen !

A Conakry, les cas de décès liés à l’overdose de la drogue kush sont monnaie courante. Sur les réseaux sociaux, circulent des vidéos de drogués inconscients. En 2024, deux jeunes suspectés d’avoir fumé du kush sont morts à Wanindara2, commune de Matoto ; deux autres à Keitaya.

Souleymane Bah