Le mystère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD) a présenté le 19 juillet, les statistiques provisoires issues du Registre national des personnes physiques (RNPP) et du fichier électoral, dans le cadre du Programme national de recensement administratif à vocation d’état civil (PN-RAVEC). Neuf millions de personnes ont été recensées, dont environ sept millions inscrits sur le fichier électoral.

Après avoir été présentés au goubernement et aux membres du CNRD le 18 juillet, ces résul-tares provisoires ont été communiqués aux acteurs sociopolitiques, aux partenaires techniques et financiers, au corps diplomatique et consulaire, ainsi qu’aux associations de presse publique et privée. Inscrit au point 2 du chronogramme de la transition, le PN-RAVEC s’est déroulé du 15 avril au 20 juin derniers. Sa mission ? Constituer un Registre national de l’état civil et un registre des personnes physiques, interopérables avec les systèmes connexes, notamment le fichier électoral biométrique, en vue de faciliter un retour à l’ordre constitutionnel.

Le coordinateur national du programme, Général Aboubacar Biro Condé, a salué l’adhésion massive du populo à l’opération. Il a rappelé que le PN-RAVEC et la Direction nationale des affaires politiques et de l’administration électorale (DNAPAE) avaient pour obligation de faire preuve de redevabilité et de transparence en publiant les statistiques. «L’objectif est de contribuer au processus de redevabilité à travers la collecte et la présentation des données statistiques, comme le souhaitent les autorités. Il s’agit notamment de publier les résultats globaux du recensement biométrique des Guinéens âgés de 10 ans et plus, ainsi que les statistiques brutes du fichier électoral, et d’analyser la qualité des données», a-t-il précisé.

Kankan en tête

D’après les chiffres présentés par la Directrice nationale des affaires politiques et de l’administration électorale, 9 010 191 de personnes âgées de 10 ans et plus ont été enregistrées, parmi lesquelles 6 748 923 électeurs figurent sur le fichier électoral. Il ressort également que la région administrative de Kankan reste la plus peuplée du bled avec 2 089 320 personnes recensées, devant Cona-cris qui en compte 1 992 986.

Le ministre de l’Administration du trottoir, Ibrahima Kalil Condé, a révélé qu’avant le démarrage du recensement, des opérations de géolocalisation des centres de vote et de modernisation des services d’état civil avaient été menées pour garantir la fiabilité du fichier électoral. « Ces opérations biométriques ont été un succès, notamment grâce à la mise en place de Commissions administratives de recensement, à l’implication de la justice dans la régularisation des citoyens dépourvus d’actes d’état civil, et à l’affectation automatique des citoyens en âge de voter aux centres de leur choix, via les nouvelles technologies de l’information et de la communication», a-t-il déclaré.

Il a exprimé sa conviction que la mise en place conjointe du RNPP et du fichier électoral biométrique permanent permettra de tourner la page des contestations politiques violentes, marquées par des pertes en vies humaines, des destructions matérielles et des blocages du développement sociopolitique. Amen !

Retour à l’ordre constitutionnel

Pour le Premier ministre Amadeus Oury Bah, l’étape la plus difficile vers le retour à l’ordre constitutionnel est désormais franchie avec la mise en place d’un fichier électoral « fiable et sécurisé ». « Le temps des contestations chroniques, des processus électoraux instables et du manque de légitimité est derrière nous. Une nouvelle phase s’ouvre. Il ne s’agit plus de dénoncer systématiquement, mais d’apporter des preuves tangibles pour contester une situation », a-t-il affirmé, appelant les partis politiques à s’adapter et à retrousser les manches pour la suite.

Profitant de l’occasion, le PM a distribué des copies du Journal officiel contenant le Projet de nouvelle Constitution. Il a précisé que la campagne en cours ne vise pas à organiser un débat, mais à vulgariser le contenu du texte. «L’objectif est de permettre à chaque citoyen, chaque acteur politique ou social, de lire, comprendre et se poser des questions. Après la campagne de sensibilisation, viendra celle du référendum, puis celle du débat, pour clarifier les zones d’ombre éventuelles», a-t-il expliqué.

Bah Oury a rappelé à ceux qui pensaient que la transition visait à étouffer l’expression politique, que «c’est reconnu dans ce projet que les partis politiques, la société civile, sont partie intégrante et ont un rôle constitutionnellement établi. D’où la nécessité de rassurer les uns et les autres que nous sommes dans une logique permettant à ce que la démocratie soit une réalité.» Selon lui, d’autres aspects importants de la Nouvelle Constitution vont dans le sens d’avoir des institutions prônant l’équilibre, pour ne pas que nous soyons étouffés. Re-amen !

Abdoulaye Pellel Bah